Faute de preuves, la justice classe l’enquête sur les avoirs de Juan Carlos 1er en Suisse

Lundi 13 décembre 2021

Justice

Faute de preuves, la justice classe l’enquête sur les avoirs de Juan Carlos 1er en Suisse

La fin d’un feuilleton de 3 ans : la justice genevoise a annoncé lundi le classement de l’enquête portant sur des avoirs de l’ex-roi d’Espagne en Suisse, dont 100 millions de dollars versés par l’Arabie Saoudite

LT/AFP Publié lundi 13 décembre 2021 à 12:04 Modifié lundi 13 décembre 2021 à 13:50

Le Ministère public genevois classe l’enquête pour blanchiment contre l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos et trois autres prévenus, révèle ce matin La Tribune de Genève. Si des fonds ont été reçus de l’Arabie saoudite, l’enquête n’a pas permis d’établir un lien avec des marchés publics. En août 2018, le Parquet genevois a ouvert une enquête pour blanchiment d’argent aggravé suite à des articles de presse mettant en cause l’ancien roi, qui réside aujourd’hui à Abu Dhabi. Ce dernier était soupçonné d’avoir reçu des commissions occultes dans le cadre de contrats obtenus par des entreprises espagnoles pour la construction de la ligne à grande vitesse entre Médine et La Mecque.

Selon le communiqué diffusé lundi par la justice genevoise, l’enquête a permis d’établir que Juan Carlos a reçu 100 millions de dollars le 8 août 2008 du Ministère des finances d’Arabie saoudite. Cette somme a été versée sur le compte de la fondation Lucum auprès de la banque Mirabeaud à Genève.

Pour son ex-maîtresse

D’autres versements ont été encaissés par l’ancien souverain ainsi que son ex-maîtresse Corinna zu Sayn-Wittgenstein pour un total de 8,895 millions de dollars. Le Parquet précise que ces transferts provenant du Koweït et de Bahrein n’ont pas été suffisamment documentés. Le compte de la fondation Lucum a été fermé en juin 2012 et le solde de 65 millions d’euros a été transféré aux Bahamas sur le compte d’une société de Corinna zu Sayn-Wittgenstein.

Le Ministère public genevois a conclu que le recours à une fondation et à des sociétés de domicile démontrait une volonté de dissimulation. Les montants, l’origine des avoirs, l’absence de documentation, les prétendues donations du roi d’Arabie saoudite à Juan Carlos puis de celui-ci à son ex-maîtresse ainsi que la chronologie des événements constituent des indices à charge.

Banque condamnée

Toutefois, l’instruction n’a pas permis d’établir un lien suffisant entre le montant reçu de l’Arabie saoudite et la conclusion des contrats concernant la ligne à grande vitesse. Dans ces conditions, le Ministère public a classé partiellement la procédure faute de charges suffisantes. Les frais de la procédure, soit 200 000 francs ont cependant été mis à la charge des prévenus.

La banque Mirabeaud, elle, est condamnée à une amende de 50 000 francs et au paiement des frais, soit 150 000 francs. L’enquête a montré en effet que l’établissement avait violé son obligation de communiquer concernant le compte de Corinna zu Sayn-Wittgenstein. Les articles dans la presse, le caractère inhabituel des montants et les flux financiers avec la fondation Lucum auraient dû l’inciter à s’adresser au Bureau de communication en matière de blanchiment (MROS), conclut le Ministère public genevois.

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