Espagne : règlements de comptes à la cour

Samedi 4 avril 2020

Espagne : règlements de comptes à la cour

Paris Match | Publié le 04/04/2020 à 08h50 Flore Olive et Laurence Debray

Scandale à Madrid. Le roi Abdallah d’Arabie saoudite aurait inondé Juan Carlos de dollars. Felipe VI coupe les ponts.

[…] On peut imaginer l’effet provoqué, en temps normal, par ces trois pages dans lesquelles Felipe VI annonce qu’il renonce à l’héritage de son père et supprime sa dotation annuelle de 194 232 euros versée par l’Etat. Juan Carlos aurait dissimulé 100 millions de dollars sur un compte en Suisse. Même en cette période troublée, cette révélation de la « Tribune de Genève » provoque la colère. « Casserolade pour que Juan Carlos donne les 100 millions saoudiens à la santé publique ! » demandait un message sur les réseaux sociaux. Le mouvement fut peu suivi.

[…] Pour Felipe, l’affaire a commencé il y a un an. Le 5 mars 2019, il découvrait par un courrier du bureau d’avocats britannique Kobre & Kim, spécialisé dans la fraude internationale, qu’il serait bénéficiaire, au décès de son père, de la fondation Lucum, une société offshore établie à Panama City. Selon le quotidien britannique « Telegraph », la fondation aurait été créée par Juan Carlos le 31 juillet 2008, puis dissoute en 2012. Mais sur son compte à la banque privée Mirabaud, de Genève, se trouveraient encore 100 millions de dollars provenant d’un virement effectué le 8 août 2008 par le ministère des Finances d’Arabie saoudite. Et le quotidien espagnol « El Pais » a dévoilé que Juan Carlos était aussi, après son cousin Alvaro d’Orléans-Borbon et le fils de ce dernier, le troisième bénéficiaire d’une fondation au Liechtenstein, Zagatka, au compte bancaire bien garni.

Dix millions d’euros auraient servi à l’ancien roi pour s’offrir des vols privés en jet. Le procureur suisse en charge de l’affaire, Yves Bertossa, soupçonne que les 100 millions de dollars de Lucum viendraient non pas d’un « don » de feu le roi Abdallah d’Arabie saoudite, comme l’explique Juan Carlos, mais de commissions illégales versées en marge du contrat de construction du train à grande vitesse Médine-La Mecque – contrat de 6,7 milliards d’euros remporté, en 2011, par un consortium de douze entreprises espagnoles. L’amitié entre les Bourbons et les Saoud, qui remonte aux années 1970, est aussi solide que les accords de coopération économique entre Madrid et Riyad. Lire la suite.

Revenir en haut