Ejecteur

Mardi 8 mai 2007 — Dernier ajout vendredi 28 septembre 2007

Ejecteur

Editorial

Par Jean-Michel THENARD

mardi 28 juin 2005 (Liberation - 06 :00)

Il y a bien quelque chose de pourri à Bercy. Une sorte de malédiction qui rôde et frappe les ministres en titre. Madelin, démissionné au bout de trois mois pour écart de langage, Strauss-Kahn, obligé de quitter son poste après deux ans et demi pour mise en examen, Sautter, remercié au bout de quatre mois pour cause de grogne des agents des impôts, Sarkozy, débarqué pour insolence par Chirac après huit mois, Gaymard, abandon par jet de l’éponge au bout de trois mois pour coût du logement de fonction.

Neuf ministres en dix ans : ce n’est plus un ministère, c’est un éjecteur de carrière.

Thierry Breton sera-t-il le prochain sur la mortelle liste des victimes de Bercy ? Le ministre a vu, hier, son bureau perquisitionné de longues heures. De mémoire de juge, une première. Si cela ne vaut ni infamie, ni présomption de culpabilité, cela ne contribue pas à la réputation du locataire. Une perquisition au retentissement « disproportionné », a tonné l’avocat de Breton. Eu égard au rôle de l’intéressé dans l’affaire Rhodia, peut-être, la justice le dira. Eu égard à la fonction qu’il occupe aujourd’hui, certainement pas. Car plus qu’aucun membre du gouvernement, le grand argentier de l’Etat se doit d’être irréprochable. C’est la condition nécessaire à sa crédibilité. Un grain de sable et tout déraille sur la scène intérieure et internationale. Il n’y a pas de malédiction de Bercy, juste une exigence plus grande que partout ailleurs à l’endroit du titulaire du portefeuille.

Passé directement des conseils d’administration à l’administration des finances, de l’argent privé à celui du public, le ministre sait qu’il peut avoir à rendre des comptes pour ses activités passées de chef d’entreprise. Il a choisi de courir ce risque, il devra l’assumer jusqu’au bout.

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