Chine : un expert de l’ONU évoque du « travail forcé » au Xinjiang

Mercredi 17 août 2022

Chine : un expert de l’ONU évoque du « travail forcé » au Xinjiang

Agence France-Presse

17 août 2022 à 11h52

Des minorités ethniques dans la région chinoise du Xinjiang sont contraintes au travail forcé, ce qui pourrait constituer un crime contre l’humanité, selon un rapport d’expert indépendant de l’ONU, vivement dénoncé par Pékin.

Le Xinjiang (nord-ouest), vaste comme trois fois la France, est depuis des années surveillé de manière draconienne par les autorités chinoises.

Ces dernières accusent des séparatistes et islamistes ouïghours - le principal groupe ethnique de la région - d’y commettre régulièrement des attentats sanglants visant des civils.

Des études occidentales accusent de leur côté Pékin d’y avoir dans le cadre de sa répression interné plus d’un million de Ouïghours et de membres d’autres groupes ethniques musulmans dans des « camps de rééducation », voire de leur imposer du « travail forcé » ou des « stérilisations forcées ».

Les Etats-Unis et plusieurs pays évoquent un « génocide », ce que Pékin dément avec véhémence.

Dans un rapport publié mardi, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage fait toutefois état de « deux systèmes » organisés par l’Etat chinois et où le travail forcé est pratiqué, notamment dans l’agriculture et l’industrie manufacturière.

L’auteur du rapport, Tomoya Obokata, indique se baser sur le travail de groupes de réflexion, de rapports d’ONG, des témoignages de victimes mais aussi des explications du gouvernement chinois.

Le rapport évoque des « centres d’éducation et de formation professionnelle » au Xinjiang, dans lesquels les minorités sont « détenues et soumises à des placements professionnels ».

Il fait état d’un programme de réduction de la pauvreté, reposant sur du « transfert de main-d’œuvre » locale.

« Ces programmes peuvent créer des opportunités d’emploi pour les minorités et améliorer leurs revenus », souligne le rapporteur spécial.

Mais « l’étendue des pouvoirs exercés sur les travailleurs concernés (…) peut s’apparenter dans certains cas à de l’esclavage », fait-il remarquer.

  • « Des mensonges » -

Le document évoque une « surveillance excessive » des employés, des « restrictions des déplacements par l’internement », des « menaces, violences physiques et/ou sexuelles et autres traitements inhumains et dégradants ».

Cependant, cela « mérite une analyse indépendante plus approfondie », note le rapport.

Invité à réagir, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a accusé l’auteur d’écouter « des mensonges et des fausses informations sur le Xinjiang fabriqués par les Etats-Unis, certains pays occidentaux et les forces anti-chinoises ».

Les rapporteurs spéciaux sont des experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, mais ils ne parlent pas au nom de l’organisme mondial.

Lors d’une rare visite en Chine en mai, Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, avait appelé Pékin à éviter les mesures « arbitraires » au Xinjiang, tout en dénonçant les « actes violents d’extrémisme » dans la région.

Le mois dernier, le président chinois Xi Jinping s’est rendu au Xinjiang pour la première fois depuis 2014.

L’homme fort de Pékin avait alors salué les progrès socio-économiques de la région lors d’une visite à Urumqi, la capitale régionale.

Agence France-Presse

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