BNP Paribas, un mastodonte à la dérive ?

Jeudi 4 octobre 2018 — Dernier ajout samedi 6 octobre 2018

BNP Paribas, un mastodonte à la dérive ?

Par : Aline Robert | EURACTIV.fr

3 oct. 2018 (mis à jour : 3 oct. 2018)

Diffusion : *BNP Paribas, dans les eaux troubles de la première banque européenne. Diffusé jeudi 4 octobre sur France 3 à 23h30.

Visionner ou revisionner le documentaire.

Dans un documentaire fouillé et critique*, deux réalisateurs s’interrogent sur la puissance démesurée de BNP Paribas, la première banque européenne. Un cas d’école qui remet en question la crédibilité de la régulation bancaire européenne.

La finance européenne est-elle bien régulée ? À voir le documentaire de Xavier Harel et Thomas Lafarge sur les dessous de BNP Paribas, la banque française qui est aussi la première banque européenne et la quatrième au monde, mène les autorités de régulation à la baguette, plutôt que l’inverse.

Une situation héritée de la crise de 2008. À l’époque, le mastodonte se retrouve comme la plupart des plus grandes banques européennes exposé à des pertes gigantesques sur l’immobilier américain, puis un peu plus tard à la dette grecque.

Selon le principe du « too big to fail », les institutions françaises et européennes vont alors tout faire pour sauver la banque, et la renflouer plutôt que de la mettre en danger. Au total, les réalisateurs ont calculé que BNP Paribas avait récupéré 5 milliards d’euros des 20 milliards alloués aux banques européennes durant la crise financière.

[…] Durant une enquête longue de plusieurs années, Xavier Harel et Thomas Lafarge ont conquis la confiance de salariés et ex-salariés qui ne reconnaissent pas leur banque dans l’attitude cavalière, voire franchement illégale, qu’elle adopte sur de nombreux sujets. « Nous avons rencontré 120 interlocuteurs dont une quarantaine chez BNP Paribas, mais seuls 5 ou 6 ont accepté de témoigner : ceux qui quittent ou vont quitter le monde de la finance », précise Xavier Harel.

Initialement prévu pour Canal+, le documentaire a été décommandé après l’arrivée de Bolloré au capital de la chaine française, puis repris par la chaine publique France 3.

Une omerta qui s’explique à la fois par la puissance de la banque, et ses dessous pas très propres. Peu d’acteurs de la finance se risquent à dénoncer la main qui les a un temps nourris, si ce n’est cet ex-banquier spécialisé sur les grandes fortunes, qui raconte avoir incité les riches clients de la banque à l’évasion fiscale par le biais de la Suisse. Ce qui est strictement interdit par les lois européennes.

Omerta aussi sur les embargos contournés de façon presque systématique par la banque française : une habitude qui lui vaudra notamment une amende de 6 milliards des États-Unis pour avoir travaillé avec le régime soudanais accusé de génocide. Lire la suite.

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