« Luxe, calme et écocide » : sur les superyachts des ultra-riches, la « réclusion ostentatoire »

Dimanche 4 juillet 2021

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« Luxe, calme et écocide » : sur les superyachts des ultra-riches, la « réclusion ostentatoire »

Le sociologue Grégory Salle explore l’univers de la plaisance de luxe et démontre que ce secteur, loin d’être anecdotique, se révèle être un condensé de « ce qui fait époque »

Christine Matthey Publié dimanche 4 juillet 2021 à 13:38

« Une poignée de super-riches s’égaye en mer, et alors ? Et alors : tout. » Evasion fiscale, délinquance environnementale, le ton est donné. Le sociologue Grégory Salle a déjà publié aux Editions Amsterdam L’Utopie carcérale. Petite histoire des prisons modèles. Ce n’est pas par hasard que l’un des chapitres de Superyachts parle de « réclusion ostentatoire ». Le chercheur le reconnaît, il faut « en quelque sorte se forcer pour essayer de prendre les superyachts au sérieux » et passer à la loupe ce confinement choisi, que la pandémie aura constitué encore davantage en refuge de choix. Or loin d’être anecdotique, la pratique de la plaisance de luxe nous entraîne sur un terrain de réflexion stimulant et profondément contemporain.

Ségrégation spatiale

Au fil de courts chapitres écrits avec humour, Grégory Salle nous convainc rapidement que la plaisance de luxe condense les traits essentiels « de ce qui fait époque ». Elle vient nourrir les débats sur la constitution d’une « classe dominante transnationale » et sur le « durcissement de la ségrégation spatiale ». Le nombre de superyachts a ainsi quadruplé ces trente dernières années. La compétition à celui ou celle qui aura le plus grand bateau est si vive que les vaisseaux deviennent tout simplement trop gros pour entrer dans les ports de plaisance prisés… Aux dernières nouvelles, la palme revient au Azzam avec ses 180 mètres de long, une propriété du président des Emirats arabes unis. Il risque d’être bientôt dépassé : un nouveau géant annoncé atteindrait les 220 mètres. Lire la suite.

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