FIFA : le parquet suisse rattrapé par l’affaire Infantino

Samedi 1er mai 2021

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FIFA : le parquet suisse rattrapé par l’affaire Infantino

Visé par une procédure pénale, le chef de l’information du ministère public, André Marty, a démissionné. Il est soupçonné d’avoir organisé des rencontres secrètes entre l’ex-procureur général, Michael Lauber et le président de la FIFA, Gianni Infantino.

Par Rémi Dupré Publié aujourd’hui à 16h19, mis à jour à 16h24

L’affaire des rencontres secrètes entre le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, et l’ex-procureur général helvétique Michael Lauber est en passe de devenir un scandale d’Etat en Suisse. Selon les informations du journal suisse Tages-Anzeiger, confirmées par plusieurs sources concordantes au Monde, le chef de l’information du Ministère public de la Confédération (MPC), André Marty, est visé par la procédure pénale ouverte, en juillet 2020, par le procureur extraordinaire Stefan Keller pour « abus d’autorité », « violation du secret de fonction », « entrave à l’action pénale » et « l’instigation à ces infractions ».

Cette enquête cible également MM. Lauber et Infantino, qui ont tenu, en 2016 et 2017, trois rencontres informelles (sans procès-verbal à l’appui). Un ami magistrat de M. Infantino, le procureur du Haut-Valais Rinaldo Arnold, est lui aussi dans le collimateur de la justice.

Proche de M. Lauber et en première ligne sur le front médiatique depuis l’ouverture, en 2015, d’une vingtaine de procédures pénales en lien avec la FIFA, M. Marty est soupçonné d’avoir organisé plusieurs rendez-vous secrets en présence de M. Infantino. Il a participé à deux rencontres, en mars 2016, puis en juin 2017. Auparavant, il avait été présent lors d’une rencontre informelle, en juillet 2015, avec MM. Lauber et Arnold.

Contacté par Le Monde, le MPC confirme par ailleurs la démission de M. Marty. Il indique, en outre, que son secrétaire général, Mario Curiger quittera, comme M. Marty, le parquet « dans les prochains mois ». « Les deux départs sont indépendants l’un de l’autre et à leur propre demande et n’ont rien d’exceptionnel », ajoute le MPC, tout en précisant que, « dans les deux cas, le désir de développement personnel et professionnel est compréhensible et doit être respecté. »

« Amnésie collective »

Dans un rapport, publié en mars 2020, l’Autorité de surveillance du parquet suisse (AS-MPC) a estimé que « les procédures FIFA [ouvertes en mai 2015 par le MPC] ont été évoquées » lors du rendez-vous de juillet 2015, M. Arnold s’étant « engagé en faveur de M. Infantino sur une base privée ».

Ce dernier « envisageait alors une candidature à la présidence de la FIFA et avait intérêt à se renseigner pour savoir si les procédures FIFA (…) étaient dirigées contre Michel Platini et (l’ex-président de la FIFA) Sepp Blatter (tous deux actuellement poursuivis par le MPC), deux concurrents directs pour la présidence de la FIFA ». Lire la suite.

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