Sokalique : les marins réclament justice

Mardi 21 août 2007 — Dernier ajout vendredi 27 mars 2009

Article paru le 20 août 2007

Société

Sokalique : les marins réclament justice

illustration : Reproduction d’une photo non datée prise à Plouescat du caseyeur « Sokalique » qui a sombré au large d’Ouessant le vendredi 17 aoüt 2007. Le Duff/AFP

Mer. Vives réactions après la collision mortelle entre un cargo et un caseyeur, vendredi au large d’Ouessant. Le fautif pourrait échapper à toute poursuite.

Samedi, les enquêteurs se sont affairés autour de la coque de l’Ocean Jasper, le navire battant pavillon des îles Kiribati, soupçonné d’être impliqué dans la collision, au large d’Ouessant, qui entraîna, vendredi matin, la mort du patron du Sokalique, Bernard Jobard.

Ces premières investigations ont décelé « sur tout le côté tribord du caboteur des traces de peinture verte qui paraissent correspondre à la couleur de la coque du caseyeur qui a été coulé », selon le procureur de la République de Morlaix, Laurent Fichot.

Lors de leur audition, le commandant du cargo et son second ont plaidé « un choc purement accidentel » et démenti le délit de fuite.

L’émotion estompée, la colère demeure ce week-end chez les marins pêcheurs bretons. « C’est un abordage de plus, un abordage de trop », s’emporte Jean-Paul Hellequin, porte-parole de la CGT des marins de Brest. « La moindre des choses en mer est de porter assistance, pas de fuir. Le tribunal devra donc être intransigeant envers les responsables. »

Une volonté qui est, cependant, loin d’être assurée. Selon la convention internationale de Montego Bay, c’est, en effet, au pays dans lequel est enregistré le navire de décider des suites du dossier.

Les Îles Kiribati peuvent, de fait, décider de juger elles-mêmes le commandant azerbaïdjanais, de confier l’affaire aux tribunaux français, voire de n’engager aucune poursuite.

C’est pour éviter cette dernière hypothèse que la CGT des marins de Brest a adressé, hier, une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy « Nous souhaitons que le président de la République fasse fonctionner sa diplomatie pour que les responsables soient jugés en France », commente Jean-Paul Hellequin. Le syndicaliste dénonce également le manque d’effectifs sur les navires : « Auparavant, il y avait douze marins, qui plus est de même nationalité. Aujourd’hui, pour une embarcation de même taille, ils ne sont plus que sept, de pays différents, ce qui ne facilite pas la communication. »

« On embauche n’importe qui sous pavillon de complaisance. Le pays hôte n’est généralement pas très regardant sur les équipages », renchérit André Le Berre, président du comité régional des pêches de Bretagne. Lui-même ancien marin pêcheur, André Le Berre, fulmine contre ce nouvel accident. « Cela fait plusieurs années que je préviens de la nécessité d’adapter le système de signalisation », rappelle-t-il, réclamant pour les navires de pêche l’autorisation d’utiliser un gyrophare pour être mieux repérés en mer. « Mais mes interlocuteurs font la sourde oreille, regrette-t-il. On parle beaucoup de pavillon de complaisance, mais moi, je n’hésite pas à dénoncer également une administration de complaisance. »

Adrien Viguié

Publié avec l’aimable autorisation du journal l’Humanité.

Visitez le site du journal l’Humanité.

Source url de l’article.

Revenir en haut