Prison ferme pour le « prince d’Aris », marchand de sommeil parisien

Mercredi 10 mars 2021

Police et justice Logement

Prison ferme pour le « prince d’Aris », marchand de sommeil parisien

Cet homme d’affaires au casier judiciaire déjà chargé louait des logements insalubres avec des loyers exorbitants, dans le 19e arrondissement de Paris.

Par Isabelle Rey-Lefebvre Publié aujourd’hui à 18h20, mis à jour à 18h21

L’homme d’affaires Frédéric d’Aris, 64 ans, qui aime se faire appeler « prince d’Aris », a été condamné, mercredi 10 mars, pour un délit que les tribunaux commencent à considérer comme grave : la soumission de personnes vulnérables à des conditions indignes de logement. C’est le cas des 26 locataires de l’immeuble 62 rue de Meaux, à Paris (19e arrondissement) auquel ce « marchand de sommeil » réclamait des loyers exorbitants pour des logements insalubres, dans un bâtiment sous arrêté de péril.

M. d’Aris, absent de l’audience mais représenté par son avocat Philippe Sarda, a été condamné à trois ans de prison ferme avec mandat d’arrêt, à une amende de 50 000 euros, à la dissolution des deux sociétés civiles immobilières propriétaires, SCI Meaux et Verdi, et la confiscation avec saisie immédiate de leurs 36 appartements. Sa holding de droit luxembourgeois Groupe Renaissance, se voit, elle, interdite d’exercer l’activité de gestion immobilière et condamnée à 500 000 euros d’amende.

Faute de preuves de l’implication personnelle de M. d’Aris, il a été disculpé des accusations de menaces et intimidations, mais le tribunal a retenu les délits de mise à disposition de locaux frappés d’arrêté de péril, de perception de sommes indues et de refus délibéré de faire les travaux prescrits. « Le procès n’a servi à rien, c’est un jugement écrit d’avance dont nous allons faire appel », a annoncé Me Sarda.

Vingt locataires à indemniser

Ces trois ans de prison ferme s’expliquent en partie par le casier judiciaire de M. d’Aris, lourd de neuf condamnations entre 1999 et 2016 pour fraude fiscale, abus de biens, abus de confiance, blanchiment aggravé, abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne vulnérable, violation de domicile à l’aide de manœuvres, menaces ou contraintes, extorsion par violence et vol en réunion…

Auto-anobli grâce à l’ajout d’une particule, M. d’Aris s’est vanté de sa fortune jusque sur les plateaux de télévision (en 2001, dans « Ça se discute », de Jean-Luc Delarue). Il s’est fait ensuite plus discret, brouillant les pistes sur ses adresses. Il est à la tête d’un important patrimoine immobilier, notamment parisien, via un écheveau de sociétés civiles immobilières.

Alexis Boyard, le salarié et homme de confiance de M. d’Aris, gérant soi-disant bénévole de ses multiples SCI, qui se domicilie à la permanence des sans-abri de la Ville de Paris alors qu’il est locataire d’un HLM dans le Marais – un logement attribué sur le contingent de la préfecture – a été présent tout au long du procès et au délibéré de ce 10 mars. Il échappe, lui, à une peine de prison ferme mais est condamné à deux ans avec sursis et deux ans de probation pour, entre autres, soumission de personnes vulnérables à des conditions indignes de logement. Il facturait 450 euros la pièce insalubre de 11 mètres carrés… Lire la suite.

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