L’enquête sur la vente d’uranium nigérien par Areva en 2011 confiée à un juge d’instruction

Jeudi 26 novembre 2020

L’enquête sur la vente d’uranium nigérien par Areva en 2011 confiée à un juge d’instruction

25 nov. 2020 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

Le parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire notamment pour « corruption » visant Areva, devenu Orano, dans une affaire de courtage d’uranium nigérien en 2011 qui s’était traduite par d’importantes pertes pour le groupe nucléaire, a-t-il indiqué mercredi.

Le parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire notamment pour « corruption » visant Areva, devenu Orano, dans une affaire de courtage d’uranium nigérien en 2011 qui s’était traduite par d’importantes pertes pour le groupe nucléaire, a-t-il indiqué mercredi.

Après avoir mené son enquête préliminaire pendant presque cinq années, le PNF a confié la suite des investigations en février 2020 à un juge d’instruction pour « corruption d’agent public étranger, corruption privée, association de malfaiteurs, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment en bande organisée de ces délits », a détaillé le parquet, confirmant une information de l’hebdomadaire L’Obs.

« S’il s’avérait qu’il y a eu des détournements ou tout autre acte qui soit susceptible d’avoir porté préjudice au groupe, Orano intenterait les actions judiciaires nécessaires à la défense de ses intérêts », a indiqué à l’AFP un porte-parole du groupe nucléaire.

L’affaire, baptisée « Uraniumgate », avait éclaté en février 2017 avec la publication, dans l’hebdomadaire nigérien Le Courrier, de documents portant sur la vente à l’automne 2011 d’une importante quantité d’uranium pour 320 millions de dollars.

Le stock avait dans un premier temps été cédé par Areva à une société russe, Energo Alyans, qui l’avait ensuite revendu à la société Optima Energy Offshore au Liban.

Quelques jours plus tard, Optima avait vendu l’uranium à la Société de patrimoine des mines du Niger (Sopamin), contrôlée par l’Etat nigérien. Areva avait alors racheté ce stock à la Sopamin à un prix bien supérieur à celui auquel il l’avait cédé initialement.

Les policiers de la brigade financière, chargée des investigations après la révélation de transactions douteuses par l’hebdomadaire Marianne à l’été 2015, cherchaient à déterminer si le montage financier aurait pu permettre de dissimuler des commissions ou des rétrocommissions.

Entre 24 et 101 millions de dollars auraient été détournés des caisses du groupe Areva entre novembre 2011 et février 2012, selon L’Obs.

D’après l’hebdomadaire, l’information judiciaire a été confiée au même juge d’instruction que celui qui était en charge de l’enquête sur l’acquisition par Areva d’une société minière canadienne, Uramin, propriétaire de trois gisements d’uranium en Afrique, pour laquelle il a déboursé 1,8 milliard d’euros en 2007.

L’opération avait tourné au fiasco : après le départ de sa patronne Anne Lauvergeon, Areva avait divisé par cinq la valeur de la société et passé, fin 2011, une lourde provision de 1,5 milliard d’euros.

Deux informations judiciaires avaient été ouvertes : l’une porte sur des soupçons d’escroquerie et de corruption, la seconde sur les provisions inscrites en 2010 et 2011 par Areva, les magistrats soupçonnant d’anciens responsables de les avoir sous-évaluées dans les comptes pour masquer l’effondrement de la valeur d’Uramin.

Plusieurs anciens dirigeants du groupe sont mis en examen dans ces enquêtes, dont l’ancien directeur de la division « mines » Sébastien de Montessus. Anne Lauvergeon, elle, est poursuivie dans le volet comptable.

Dans ce dernier dossier, la cour d’appel de Paris doit se prononcer le 17 décembre sur la validité des mises en examen, qui ont été l’objet d’un bras de fer judiciaire à partir de 2017 entre les premiers juges d’instruction qui refusaient de les prononcer et le PNF qui les réclamait.

mk-jmi/bl/meh/swi

Revenir en haut