SÉRIE L’économie du crime / Épisode 2 : Mon papa à moi est un bankster

Mercredi 21 octobre 2020

Le 21/10/2020

SÉRIE L’économie du crime (3 épisodes)

Épisode 2 : Mon papa à moi est un bankster

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Les organisations criminelles dégagent souvent d’importants profits de leurs activités. Comment est-ce que les grandes banques aident à réinjecter cet argent sale dans le circuit de l’économie légale ?

2000 milliards de dollars : c’est le montant des sommes découvertes par le média américain Buzzfeed News dans des documents confidentiels adressés au Financial Crimes Enforcement Network (l’équivalent américain du Tracfin français) et dont l’origine a été retracée par le Consortium international du journalisme d’investigation, dans une enquête rendue publique au mois de septembre 2020. Conclusion de l’enquête : les banques continuent de jouer un rôle central dans le transfert de fonds liés à la corruption, à la fraude, au crime organisé et au terrorisme.

Les marchés illégaux permettent à la criminalité organisée de dégager des profits souvent non négligeables. Si une partie va être réinvestie dans la sphère illégale pour maintenir l’activité, voire pour la développer ou participer à d’autres trafics, une autre partie de cet argent sale va revenir dans la sphère légale. Apparaît ainsi la problématique de l’infiltration criminelle dans l’économie légale, une problématique qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, va bien au‑delà de la question essentiellement technique du blanchiment.

En effet, il existe toute une gamme de modalités d’injection des profits illégaux dans le circuit légal. Deux visages de la fraude émergent alors : les « vrais » gangsters et les « cols blancs » selon l’expression du sociologue Edwin H. Sutherland. Ces deux univers criminels savent s’associer, coopérer et tirer profit l’un de l’autre, à tel point qu’il devient de plus en plus difficile de les distinguer l’un de l’autre, tant leurs intérêts convergent. Au cœur de ce système : les institutions financières, paradoxalement au cœur de nos économies modernes légales, et en même temps rouage essentiel et trouble de la grande machine du blanchiment.

Pour essayer de mieux comprendre les rouages du blanchiment de l’argent sale, dont le Fonds monétaire international a estimé que le volume se situait entre 2 % et 5 % du PIB mondial, nous avons fait appel à Noël PONS, essayiste et consultant, ancien inspecteur des impôts, ancien conseiller au SCPC (Service central de prévention de la corruption) et Eric VERNIER, spécialiste du blanchiment financier et des paradis fiscaux, directeur de l’IRSI (Institut de la responsabilité sociétale par l’innovation) à Sup de Co La Rochelle.

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