Quand Gunvor et Vitol fraient avec le même homme de paille

Lundi 19 octobre 2020

Enquête

Quand Gunvor et Vitol fraient avec le même homme de paille

Un an après la condamnation du négociant Gunvor pour corruption en Afrique de l’Ouest, la dernière enquête de Public Eye révèle que Vitol a versé des millions de dollars à une obscure structure hongkongaise. Son ayant droit économique est un petit restaurateur parisien, autrefois actif dans le textile, condamné pour faux dans les titres en Suisse dans le cadre de l’affaire Gunvor. Persuadé d’avoir joué les boucs émissaires, il se décrit lui-même comme un « homme de paille ».

Adrià Budry Carbó et Agathe Duparc, 19 octobre 2020

Cigarette au bout des lèvres, une poignée de sexagénaires tapinent tristement le long de la rue. L’endroit ne paie pas de mine, dans ce quartier parisien de Strasbourg-Saint Denis. Le petit restaurant kacher promet pourtant, sur son site Internet, que l’on y mange « d’excellents plats servis dans une atmosphère gaie » et offre également un service efficace de livraison à domicile.

Au milieu du bal des coursiers à moto, le patron de l’enseigne a bien du mal à décrire sa carte à ses visiteurs du jour. Il faut dire qu’E.E. n’est pas connu pour son couscous ou son Pkaïla. C’est un autre type de cuisine qui l’a amené à passer cinq mois et demi derrière les barreaux en Serbie et dans une prison bernoise.

« Comment m’avez-vous trouvé ? » La cinquantaine fatiguée, E.E. n’a pas le physique de l’emploi dans la finance mondialisée. Autrefois actif dans la vente de textiles et de meubles, reconverti dans la restauration rapide, ce Franco-Israélien est devenu, bien malgré lui, l’un des protagonistes de la tentaculaire affaire Gunvor. Lire la suite.

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