L’Angola demande une entraide judiciaire à la Suisse

Mardi 15 septembre 2020

Afrique

L’Angola demande une entraide judiciaire à la Suisse

Des fonds angolais de plus de 1 milliard de francs sont douteux, selon la justice du pays d’Afrique centrale. Cet argent se trouve dans une banque privée genevoise, Syz. Luanda a fait une demande d’entraide judiciaire à la Suisse

LT avec ATS Publié mardi 15 septembre 2020 à 18:30 Modifié mardi 15 septembre 2020 à 18:40

L’Office fédéral de la justice (OFJ) a reçu vendredi Eduarda Rodrigues Neto, la vice-ministre angolaise de la Justice. Celle-ci s’est entretenue avec les juristes chargés du dossier, a indiqué mardi à Keystone-ATS Ingrid Ryser, la porte-parole de l’OFJ, confirmant une information de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ).

La porte-parole a précisé que l’OFJ avait reçu une demande d’entraide judiciaire de la part de l’Angola le 22 juin. L’OFJ a ensuite demandé aux autorités angolaises de clarifier leur demande au début du mois d’août.

« Il va sans dire que les autorités suisses sont prêtes à soutenir les autorités angolaises dans le cadre de la loi sur l’entraide pénale internationale », a déclaré la porte-parole. Selon l’agence de presse angolaise Angola Press, Eduarda Rodrigues Neto a remis une nouvelle demande d’entraide judiciaire vendredi aux autorités suisses.

Quelque 900 millions de dollars gelés

D’après la NZZ, l’affaire concerne l’homme d’affaires angolo-portugais Carlos Manuel de São Vicente, soupçonné de blanchiment d’argent et qui fait déjà l’objet d’une enquête de la justice genevoise. L’affaire, qui remonte à 2018, n’a été rendue publique que récemment par le portail judiciaire romand Gotham City, après une décision du Tribunal pénal genevois.

La banque Syz avait eu des soupçons et en avait informé le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS). Le Ministère public genevois a ensuite bloqué fin 2018 des comptes pour un montant total de 1,114 milliard de francs. Après un déblocage partiel, quelque 900 millions de dollars (809,73 millions de francs) sont aujourd’hui encore gelés.

Selon le site Gotham City, la Finma a ouvert une procédure d’enforcement contre la banque Syz en avril 2020, en lien avec ce dossier. Ni le surveillant des banques ni la banque n’ont souhaité confirmer ou infirmer l’existence de cette procédure au portail judiciaire. La Finma aurait demandé dès décembre 2019 des clarifications concernant Carlos Manuel de São Vicente à Syz, qui aurait alors été classée dans la catégorie de risque « très élevé » en matière de blanchiment d’argent, le niveau le plus élevé dans la classification interne de la Finma, selon Gotham City.

Des comptes pour toute la famille

Le 9 juillet, la justice genevoise a rejeté le recours de l’homme d’affaires contre le gel de ses avoirs. Elle a indiqué que la suite de la procédure dépendait avant tout de la réponse à la demande angolaise d’entraide judiciaire. L’homme d’affaires dirigeait la compagnie d’assurances angolaise AAA Seguros, qui avait le monopole jusqu’en 2016 concernant l’assurance de la production pétrolière par l’entreprise nationale Sonangol.

Mari de la fille du premier président d’Angola, qui a été haute fonctionnaire et députée, Carlos Manuel de São Vicente avait ouvert son compte personnel chez Syz, ainsi que d’autres au nom de son épouse, de ses trois enfants, de ses sœurs et de ses neveux et nièces, selon un arrêt de la Chambre pénale de recours de Genève du 9 juillet 2020. L’homme d’affaires conteste toutes les accusations portées contre lui.

Les autorités suisses ont été confrontées à plusieurs reprises à des fonds problématiques en provenance d’Angola. Dans le viseur de la justice angolaise se trouvent aussi Isabel dos Santos, la fille de l’ancien président, son frère Filomeno dos Santos ainsi que l’homme d’affaires helvético-angolais Jean-Claude Bastos. Ils ont tous été des fonctionnaires angolais avec des comptes bancaires en Suisse.

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