Suisse : les « blanchisseurs » de la Camorra évitent la prison

Vendredi 31 juillet 2020

Suisse : les « blanchisseurs » de la Camorra évitent la prison

La justice helvète hésite à punir trop sévèrement ceux qui viennent cacher leur argent dans la Confédération, mais ne rechigne pas à ponctionner les fonds.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 30/07/2020 à 12:43 | Le Point.fr

Que risquent des « membres d’une organisation criminelle », coupables d’une immense fraude à la TVA en Italie, de création de « factures ou d’autres documents pour justifier des opérations inexistantes », et de blanchiment de plus de 10 millions d’euros dans le canton italophone du Tessin ? Six mois avec sursis.

C’est la peine que vient d’infliger le procureur fédéral Sergio Mastroianni à deux frères, Filippo et Matteo Magnone, aidés accessoirement par leur papa, Paolo Magnone. Et ces membres éminents de la Camorra, la mafia napolitaine, ont même échappé à un procès, toujours préjudiciable quant à la réputation des prévenus. Ils ont reçu leurs condamnations par voie postale, via des ordonnances pénales.

Des délinquants « coopératifs »

Pour justifier des peines aussi dérisoires, le ministère public de la Confédération met en avant « le long temps écoulé » et « l’attitude coopérative » des délinquants. En général, les forfaits ont lieu à l’étranger, la Suisse ne sert qu’à blanchir de l’argent qui n’a pas été détourné sur son territoire. Elle ne se sent donc pas véritablement lésée.

Certes, depuis le 10 octobre 1997, il existe une loi fédérale sur le blanchiment d’argent (LBA) qui demande aux intermédiaires financiers d’être vigilants quant à la provenance des fonds. Mais condamner un banquier, cela fait désordre. Résultat, une société fiduciaire du Tessin, qui aidait les frères Magnone à laver l’argent sale de la Camorra, a été acquittée par le Tribunal pénal fédéral (TPF)… car les faits étaient prescrits.

Dix millions confisqués

Ces histoires répétitives de blanchiment passeraient sous les radars si elles n’étaient exhumées par le site Gotham City, spécialisé dans l’actualité des affaires « par sources judiciaires ». Lire la suite.

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