Au Mexique, l’étau se resserre autour de l’ancien président Enrique Peña Nieto, soupçonné de corruption

Dimanche 19 juillet 2020

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Au Mexique, l’étau se resserre autour de l’ancien président Enrique Peña Nieto, soupçonné de corruption

Au Mexique, la croisade anticorruption du président mexicain, « AMLO », menace son prédécesseur après l’arrestation de son homme de confiance, Emilio Lozoya.

Par Frédéric Saliba Publié hier à 10h06, mis à jour hier à 10h07

L’ancien président mexicain Enrique Peña Nieto (2012-2018) sera-t-il poursuivi pour corruption ? Son homme de confiance, Emilio Lozoya, directeur de 2012 à 2016 de la compagnie pétrolière publique Pemex, a atterri à Mexico, vendredi 17 juillet, après son extradition d’Espagne. Accusé d’avoir touché des pots-de-vin du géant brésilien du BTP Odebrecht, M. Lozoya a accepté de collaborer avec la justice de son pays. Ses futures révélations pourraient mettre en cause M. Peña Nieto, soupçonné d’avoir orchestré un vaste système de malversations financières.

« C’est le signe que nous combattons enfin la corruption », s’est félicité, vendredi, l’actuel président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), quelques heures après l’arrivée de M. Lozoya au Mexique. Depuis l’entrée en fonctions fin 2018 d’« AMLO », les protections dont bénéficiait l’ancien conseiller de M. Peña Nieto ont disparu. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis en 2019, M. Lozoya était en fuite depuis neuf mois. Il a été arrêté, le 12 février, dans une luxueuse demeure de Malaga, au sud de l’Espagne.

L’ancien dirigeant de Pemex est accusé d’avoir touché au moins 10,5 millions de dollars (environ 9,1 millions d’euros) entre 2012 et 2014 de la part d’Odebrecht, selon les témoignages de trois cadres dirigeants de la compagnie brésilienne qui multipliait les pots-de-vin en Amérique latine. En retour, Odebrecht avait décroché de juteux contrats publics, dont celui de la rénovation d’une raffinerie de Pemex dans l’Etat d’Hidalgo (centre). Une partie de la somme aurait financé, dès 2012, la campagne présidentielle de M. Peña Nieto, alors candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre).

Un autre chef d’accusation porte sur l’achat douteux, en 2013, par Pemex, d’Agro Nitrogenados, une usine d’engrais qui appartenait à l’entreprise sidérurgique Altos Hornos de Mexico (AHMSA), pour 500 millions de dollars, soit près du double de la valeur de cette usine, à l’arrêt depuis quatorze ans, accentuant la crise de la compagnie pétrolière la plus endettée au monde (plus de 100 milliards de dollars). Un mois plus tard, AHMSA virait 3,7 millions de dollars sur des comptes bancaires de M. Lozoya, via des sociétés-écrans apparaissant dans les circuits financiers illicites d’Odebrecht.

« Emilio ne gérait pas seul »

Incarcéré à Madrid, M. Lozoya avait d’abord refusé son extradition au Mexique avant de se raviser, acceptant d’informer la justice de son pays contre une réduction de peine. Les négociations entre M. Lozoya et les autorités mexicaines portent aussi sur des informations concernant des commissions versées par l’ancien gouvernement à des parlementaires de l’opposition pour assurer le vote, en 2013, de la réforme énergétique qui a mis fin au monopole de Pemex sur l’or noir. Lire la suite.

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