« Le pire serait que Félicien Kabuga décède avant d’être jugé »

Dimanche 17 mai 2020 — Dernier ajout lundi 25 mai 2020

Afrique

« Le pire serait que Félicien Kabuga décède avant d’être jugé »

Considéré comme le financier du génocide rwandais, Félicien Kabuga a été arrêté dans la région parisienne. La Suisse l’avait laissé filer en 1994. Directeur de l’ONG Trial International, spécialisée dans la traque des criminels de masse, Philip Grant s’en souvient. Interview

Simon Petite Publié dimanche 17 mai 2020 à 20:02 Modifié dimanche 17 mai 2020 à 20:21

Une interminable traque a pris fin samedi à Asnières-sur-Seine, dans la région parisienne. Des policiers français ont cueilli au petit matin l’un des fugitifs les plus recherchés au monde. Félicien Kabuga est considéré comme le financier du génocide rwandais de 1994. Le riche homme d’affaires faisait partie du premier cercle du pouvoir extrémiste hutu qui a planifié les massacres. Il présidait aussi la radio des Mille Collines, qui inondait les ondes rwandaises d’appels au meurtre.

Inculpé en 1997 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le fugitif résidait apparemment en France depuis plusieurs années, ce qui met une fois encore en lumière les liens qu’entretenait Paris avec l’ancien régime rwandais. En 1994, la Suisse, qui était elle aussi très impliquée au Rwanda, avait laissé filer Félicien Kabuga. L’avocat Philip Grant, qui a créé en 2002 l’ONG Trial International pour poursuivre les génocidaires et les criminels de guerre, s’en souvient bien.

[…] Avez-vous été étonné que Félicien Kabuga ait été pris en France, alors qu’il était plutôt recherché en Afrique ?

C’est une grosse surprise. On le pensait au Kenya ou ailleurs en Afrique. Il est étonnant qu’un tel fugitif recherché par Interpol puisse passer si longtemps sous le radar des pays européens. S’il a pu résider en France, c’est qu’il avait soit un réseau de soutien issu de l’ancien régime rwandais, soit qu’il bénéficiait aussi de complicités françaises. Il sera intéressant de voir si les Français ont saisi des fonds en lien avec cette arrestation, puisque Félicien Kabuga était le financier du génocide et l’homme le plus riche du pays avant 1994. Lire la suite.

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