Evasion de Carlos Ghosn : l’argent qui venait de Dubaï

Mardi 7 janvier 2020

Société Carlos Ghosn

Evasion de Carlos Ghosn : l’argent qui venait de Dubaï

La société Al-Nitaq Al-Akhdhar a effectué un virement de 175 000 dollars de son compte ouvert dans la branche émiratie de la banque américaine Citibank pour payer le jet qui a transporté l’ex-PDG d’Osaka à Istanbul.

Par Simon Piel et Joan Tilouine Publié aujourd’hui à 08h35, mis à jour à 11h23

La société qui a payé en partie la fuite du Japon de Carlos Ghosn en jet privé a opéré en Irak avant de s’établir à Dubaï. Elle s’appelle Al-Nitaq Al-Akhdhar General Trading, comme l’a révélé L’Express. Selon les informations du Monde, elle a réglé le 26 décembre 2019 la facture de 175 000 dollars à la société turque MNG Jet, pour la location du Bombardier Global Express immatriculé TC-TSR.

C’est à bord de cet appareil acheminé de Dubaï que l’ancien PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn, s’est illégalement enfui le 29 décembre du Japon. Il y était assigné à résidence depuis sa libération sous caution de prison à la fin d’avril 2019 dans l’attente de ses procès pour des malversations financières.

L’expression arabe Al-Nitaq Al-Akhdhar signifie littéralement « le domaine vert » et, par extension, « la zone verte », du nom de ce périmètre ultrasécurisé de Bagdad où se trouve le siège du gouvernement irakien et des ambassades. Cette société apparaît dans les registres de fournisseurs d’équipements militaires civils reconnus par le département de la défense américain.

Si elle dispose d’une adresse à Bagdad, c’est depuis Dubaï qu’elle a agi pour faciliter la fuite de M. Ghosn. Dans la cité-Etat des Emirats arabes unis, cette discrète société s’est enregistrée dans la zone franche de Djebel Ali, qui garantit les avantages propres à un paradis fiscal et une palette de services financiers sophistiqués pour opacifier son activité.

Deux mercenaires

Le contrat passé avec MGN Jet pour la location du jet privé a été signé le 24 décembre 2019 par un certain Dr Ross Allen, probable prête-nom. Il est contresigné par l’employé de MGN Jet, soupçonné d’avoir participé activement à l’évasion et aujourd’hui incarcéré en Turquie. Deux jours plus tard, la société Al-Nitaq Al-Akhdhar a réalisé un virement de 175 000 dollars de son compte ouvert à la branche émiratie de la banque américaine Citibank.

Le 28 décembre 2019, l’avion parti d’Antananarivo, la capitale de Madagascar, se pose à Dubaï avant de s’envoler à nouveau pour l’aéroport du Kansai, près d’Osaka. C’est de là que M. Ghosn s’est envolé dans la nuit – sans que son nom figure sur la liste des passagers – pour Istanbul. A bord de l’avion, se trouvaient les américains Michael Taylor et George-Antoine Zayek, anciens membres des forces spéciales reconvertis dans le privé.

Ces deux quinquagénaires prétendent entretenir des relations étroites avec des acteurs du milieu de la sécurité aux Etats-Unis et au Liban, où ils ont entre autres servi et formé des milices chrétiennes pendant la guerre civile (1975-1990). Puis, ils ont réalisé des prestations en tant que sous-traitants de l’armée américaine par le biais de l’une des sociétés de M. Taylor – qui proposait l’exfiltration parmi sa gamme de services – avant que ce dernier soit accusé de fraude dans l’obtention de contrats de plusieurs millions de dollars avec l’armée et placé en détention en 2012. Libéré au bout d’un an, il relance son activité de sécurité en lien avec M. Zayek qui loue ses services à des groupes privés, notamment en Irak. La suite est réservée aux abonnés.

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