De Privinvest à « Valeurs actuelles », le parcours d’Iskandar Safa, magnat très discret

Lundi 30 décembre 2019

De Privinvest à « Valeurs actuelles », le parcours d’Iskandar Safa, magnat très discret

Par François Krug

Publié aujourd’hui à 03h03, mis à jour à 20h19

Enquête Entre ses activités de marchand d’armes et son investissement dans le magazine ultraconservateur, ce Franco-Libanais ne manque pas d’intriguer. L’origine exacte de sa fortune, évaluée à 1,1 milliard d’euros, reste un mystère.

Le 24 juillet, vers midi, un jet privé se pose sur l’aéroport de Cherbourg (Manche). Le chef d’état-major de la marine saoudienne descend le premier. Puis la longue silhouette d’Iskandar Safa apparaît. Ce doit être un grand jour pour que cet homme d’affaires franco-libanais de 64 ans ait renoncé à son jean et à son polo, et même noué une cravate. Un van aux vitres fumées doit les conduire aux Constructions mécaniques de Normandie (CMN), un chantier naval dont Safa est le propriétaire depuis 1992. Le moment est venu pour lui de célébrer avec les Saoudiens une commande à 600 millions d’euros. Le chef d’état-major vient prendre livraison de deux HSI 32, des intercepteurs de 32 mètres capables d’atteindre les 88 km/h. Au total, son pays en a commandé trente-neuf à Safa.

En temps normal, présidents et ministres se félicitent de tels contrats devant les caméras. Pas cette fois. Aucun n’est venu, et les journalistes ne sont pas admis. Même Sonia Krimi, députée (LRM) de Cherbourg et vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite à l’Assemblée nationale, n’a pas été conviée : « On m’a expliqué après que les Saoudiens ne voulaient pas, à cause de ma position sur la guerre au Yemen. » Selon les ONG, les civils yéménites sont les premières victimes de l’intervention saoudienne. Des matériels français seraient utilisés dans ces opérations, dont une corvette lance-missiles fabriquée aux CMN.

Iskandar Safa est habitué aux polémiques, lui qui a gagné son passeport français en négociant la libération des otages français au Liban, en 1988. La justice l’a soupçonné, sans pouvoir le prouver, d’avoir géré le versement d’une rançon et d’en avoir reversé une partie à l’ancien ministre de l’intérieur Charles Pasqua. Ces derniers mois, une autre offensive est Lire la suite.

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