La banque du Vatican fait vœu de transparence

Mercredi 28 août 2019

La banque du Vatican fait vœu de transparence

Le pape François a autorisé un contrôle externe des bilans financiers de la banque, qui fut pendant des décennies le théâtre de scandales financiers.

Par Véronique Chocron Publié aujourd’hui à 08h44, mis à jour à 10h06

Il aura fallu attendre plus de six années après l’élection du pape François, en mars 2013, pour que la banque du Vatican, théâtre de nombreux scandales financiers, soit finalement réformée. Le 10 août, un chirographe, décret signé du chef de l’Eglise catholique, a approuvé les nouveaux statuts de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), la banque de l’Etat pontifical. Cette révision des organes de direction de l’établissement vise à établir des règles plus strictes en matière de transparence, de contrôle des comptes et à promouvoir une dimension éthique au sein de l’institution.

La mesure la plus emblématique de cet aggiornamento revient à confier à un commissaire aux comptes externe (une personne physique ou une société) le contrôle des bilans financiers de l’IOR, conformément aux normes internationales. Jusqu’alors, cette tâche incombait à trois auditeurs internes à la banque… Une organisation qui avait montré toutes ses limites.

Le nouveau statut – approuvé ad experimentum par le pape pour une période de deux ans – précise aussi la fonction de « prélat » de la banque, « qui est de promouvoir la dimension éthique des administrateurs et des employés » de l’établissement, « afin que leur travail soit conforme aux principes catholiques », précise Vatican News. Il crée par ailleurs la fonction de secrétaire unique du conseil, « doté d’une formation juridique adéquate », chargé de l’enregistrement et de la rédaction des procès-verbaux des réunions du conseil d’administration.

Placements dans des paradis fiscaux, manipulations financières

Dès son élection, le pape François avait fixé parmi ses objectifs prioritaires celui de remettre de l’ordre au sein de l’IOR, dont les malversations et les soupçons de blanchiment d’argent sale ont éclaboussé l’image de l’Eglise pendant plusieurs dizaines d’années.

Le scandale le plus retentissant reste la faillite frauduleuse, en 1982, de Banco Ambrosiano, institution italienne catholique dont l’IOR était le premier actionnaire. L’archevêque américain Paul Marcinkus, président de la banque vaticane au cours des années 1970 et 1980, avait été directement mis en cause dans cette affaire. Celle-ci avait mis au jour des placements dans des paradis fiscaux, des manipulations financières, des interactions avec la loge « noire » P2, impliquée dans plusieurs affaires criminelles, et l’ombre de la Mafia. La justice italienne avait inculpé le prélat de coresponsabilité dans la chute de Banco Ambrosiano et la spoliation des petits actionnaires, et avait rédigé un mandat d’amener. Le Saint-Siège refusa de le livrer. Lire la suite.

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