Procès Balkany : avant le réquisitoire, l’Etat réclame un million d’euros

Jeudi 13 juin 2019

Procès Balkany : avant le réquisitoire, l’Etat réclame un million d’euros

AFP Modifié le 13/06/2019 à 16:13 - Publié le 13/06/2019 à 16:05 | AFP

Plaidant juste avant le réquisitoire du parquet au procès Balkany, l’avocat de l’Etat a réclamé jeudi un total d’un million d’euros de dommages et intérêts aux édiles de Levallois-Perret Patrick et Isabelle Balkany, à leur fils et à deux autres prévenus poursuivis pour « blanchiment de fraude fiscale » dans ce dossier tentaculaire.

Jugés devant le tribunal correctionnel de Paris, le maire LR et la première adjointe de Levallois-Perret, commune cossue de l’ouest parisien, encourent jusqu’à dix ans de prison pour « blanchiment habituel de fraude fiscale aggravée » et autant d’inéligibilité. Lui est aussi poursuivi pour « corruption passive » et « prise illégale d’intérêts ».

Sociétés-écran, comptes offshores : « Les procédés utilisés sont la démonstration de la volonté délictuelle » de Patrick et Isabelle Balkany, a plaidé Xavier Normand-Bodard, l’avocat de l’Etat, seule partie civile, aiguillonnant les grommellements de Patrick Balkany.

L’Etat demande que ce million d’euros lui soit versé solidairement par cinq des six prévenus, poursuivis pour blanchiment de fraude fiscale à divers degrés : Patrick et Isabelle Balkany, leur fils Alexandre, leur éternel homme de confiance Jean-Pierre Aubry et l’avocat retraité Arnaud Claude.

Dans la foulée, les deux procureurs du parquet national financier (PNF) ont débuté leur réquisitoire, devant une salle comble.

Dans un premier volet portant sur le seul délit de fraude fiscale, les représentants de l’accusation avaient requis mi-mai quatre ans de prison, avec mandat de dépôt, contre Patrick Balkany, deux ans ferme contre son épouse Isabelle, et dix ans d’inéligibilité contre eux deux.

Ce second réquisitoire s’annonce bien plus lourd. L’accusation reproche au couple Balkany des années de dissimulation, d’un magot en Suisse à de somptueuses propriétés aux Antilles et au Maroc, masquées par un chapelet de sociétés offshore, avec un faible pour le savoir-faire panaméen.

Une grande partie de ces soupçons sont couverts par la prescription. Sur la seule période visée par les poursuites, 2007-2014, les Balkany sont poursuivis pour avoir dissimulé 13 millions d’euros d’avoirs.

Jusqu’au bout, entre coups de sang et gouaille culottée, le baron des Hauts-de-Seine aura tout tenté pour n’apparaître que comme un « fraudeur passif » ayant la corruption en « horreur ».

Epais nuage

Patrick Balkany, 70 ans, a affronté seul l’épreuve d’un procès public et hyper-médiatisé, en l’absence d’Isabelle, 71 ans, convalescente depuis une tentative de suicide début mai.

Ils ont expliqué les débuts de leur bonne fortune par des héritages familiaux - lingots d’or et avoirs légués par son père rescapé d’Auschwitz pour lui, « petit magot » familial suisse pour elle. En aucun cas, a-t-il répété, des fonds occultes destinés à financer le RPR dans les années 1980, comme l’ont soupçonné les juges.

« Patrick Balkany n’a pas rapporté la moindre preuve de l’existence d’un héritage caché de son père en Suisse », a observé l’avocat de l’Etat.

Le couple a longtemps rejeté en bloc toutes les accusations. Tardivement, Isabelle Balkany avait reconnu posséder la villa Pamplemousse, achetée en 1997 à Saint-Martin.

En revanche, le couple a toujours nié posséder un riad à Marrakech. Contrairement à la villa Pamplemousse, pour laquelle les enquêteurs ont démêlé un entrelacs de sociétés écrans et retrouvé le nom des Balkany, un épais nuage entoure la transaction marocaine de 2010.

Le riad est la propriété d’une SCI marocaine, Dar Guycy, elle-même détenue à 99 % par une société panaméenne (Hayridge) créée par une fiduciaire suisse et dont le bénéficiaire déclaré est Jean-Pierre Aubry, ancien bras-droit de Patrick Balkany.

Quatre autres acteurs entrent alors en scène : M. Aubry, alors directeur général de la société d’aménagement de Levallois, et l’avocat Arnaud Claude sont jugés pour leur « rôle central » dans le complexe montage entourant l’acquisition du riad.

Le fils Balkany, Alexandre, est poursuivi pour avoir « couvert » ses parents en souscrivant des baux de location fictifs et le milliardaire saoudien Mohamed Al Jaber pour avoir payé le prix officiel du riad contre des délais avantageux dans un énorme contrat immobilier à Levallois.

L’avocat de l’Etat a longuement expliqué pourquoi cette villa est en réalité aux Balkany, listant sociétés offshore, devis, contrats, factures d’achats de meubles et le témoignage explosif d’un banquier suisse.

13/06/2019 16:12:01 - Paris (AFP) - © 2019 AFP

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