La société Bourbon jugée pour « corruption d’agents publics » dans trois pays d’Afrique

Lundi 18 mars 2019

La société Bourbon jugée pour « corruption d’agents publics » dans trois pays d’Afrique

L’entreprise française de services maritimes aurait versé 3 millions d’euros de pots-de-vin pour minimiser ses impôts au Nigeria, au Cameroun et en Guinée équatoriale.

Par Luc Leroux Publié aujourd’hui à 06h01, mis à jour à 06h01

Un insolite concours de circonstances conduit l’un des leaders mondiaux des services maritimes pour l’offshore pétrolier et gazier devant le tribunal correctionnel de Marseille. Bourbon, une société française cotée en Bourse (8 400 salariés dans 45 pays, plus de 500 navires), et l’état-major du groupe sont jugés, à partir de lundi 18 mars, pour « corruption d’agents publics étrangers » dans trois pays d’Afrique. Tout cela pour une valise égarée et retardée lors d’un transfert à Roissy…

Le 19 octobre 2012, les douaniers de l’aéroport de Marseille ouvrent un bagage en provenance de Lagos, au Nigeria. A l’intérieur, dans une trousse et entre l’armature et la doublure : 250 000 dollars (environ 191 000 euros, à l’époque) en liasses de billets de 100 dollars. Placé en garde à vue alors qu’il vient récupérer sa valise, Marc Cherqui, directeur fiscal chez Bourbon, livre des explications divergentes. Il prétexte d’abord que l’argent a été dissimulé à son insu, évoque ensuite une prestation compensatoire de 200 000 euros réclamée par son épouse, avec laquelle il est en instance de divorce. Puis finit par expliquer que ce pactole est le reliquat d’une commission versée pour le compte de Bourbon à des responsables de l’administration fiscale nigériane.

Pas de « chantage »

Simple affaire de bakchichs versés pour travailler en Afrique, comme l’ont suggéré certains cadres de cette société qui fournit de la main-d’œuvre, des navires et d’autres services logistiques aux compagnies pétrolières ? L’enquête a plutôt établi, selon les magistrats, l’existence d’un « système de corruption organisé au sein du groupe Bourbon ». Dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal, d’une rare sévérité, le juge d’instruction Guillaume Cotelle écrit :

« Le groupe n’est pas victime d’actes de pression ou de chantage à la taxe fiscale indue de la part des Etats africains, comme pourrait le laisser croire l’exploitation des stéréotypes habituels en la matière, mais il est en réalité animé d’une volonté effective et assumée de soustraction au paiement des impôts légitimement dus. » Lire la suite.

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