Fondation Interpol : un mode de financement qui intrigue

Vendredi 18 janvier 2019

Fondation Interpol : un mode de financement qui intrigue

La fondation Interpol permet à des partenaires privés de financer l’organisation internationale de coopération policière. Industriels, politiques et banquiers y siègent.

Organisation internationale de coopération policière, Interpol est en grande partie financée par ses 194 pays membres. À côté de ce financement public, des partenariats privés ont été passés avec, par exemple, le fabricant de cigarettes Philip Morris, de grandes firmes pharmaceutiques, ou bien la Fédération internationale de football (FIFA). Une fondation, dite « Fondation Interpol pour un monde plus sûr », créée en 2013 à Genève, apporte aussi des investissements à Interpol. Des personnalités politiques telles que Ségolène Royal et le député Olivier Dassault sont membres du conseil d’administration de cette fondation. Mais on y trouve également des banquiers et des chefs d’entreprises comme Carlos Ghosn.

Une indépendance financière en question

Parmi ces investisseurs, les Émirats arabes unis ont versé 50 millions d’euros à eux seuls en 2016. Un don qui n’est pas neutre pour certains observateurs. « Cette somme correspond à dix millions d’euros par an pendant cinq ans, détaille le journaliste et spécialiste d’Interpol Mathieu Martinière. En 2016, il était le premier État, hors apport d’agences gouvernementales, à financer Interpol. » L’influence de ce petit pays questionne donc le journaliste :"Plusieurs ONG dénoncent des crimes de guerre commis par les Émirats arabes unis au Yémen, dans la coalition internationale avec l’Arabie saoudite, alors qu’Interpol est censée lutter contre ces crimes de guerre."

Interpol vient de tenir son assemblée générale à Dubaï, et compte installer un bureau régional en Arabie saoudite.

Compte caché en Suisse

Interpol se voit aussi critiquée pour son manque de réactivité face à certaines révélations sur les membres du conseil de cette fondation. Mis en cause en février 2015 dans les SwissLeaks pour détention d’un compte bancaire caché en Suisse, l’ancien directeur de la banque HSBC, Stuart Gulliver, est resté membre du conseil de la Fondation Interpol jusqu’en septembre 2016, soit plus d’un an après ces révélations. Lire la suite.

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