GB : Les cabinets d’audit pourraient être interdits de faire du conseil

Lundi 8 octobre 2018

GB : Les cabinets d’audit pourraient être interdits de faire du conseil

8 oct. 2018 Par Agence Reuters

  • Mediapart.fr

L’autorité de tutelle du secteur de l’audit au Royaume-Uni a annoncé lundi qu’elle pourrait interdire aux cabinets de fournir du conseil aux entreprises dont ils sont chargés de vérifier les comptes, sans aller jusqu’à envisager un démantèlement du « Big Four » du secteur.

LONDRES (Reuters) - L’autorité de tutelle du secteur de l’audit au Royaume-Uni a annoncé lundi qu’elle pourrait interdire aux cabinets de fournir du conseil aux entreprises dont ils sont chargés de vérifier les comptes, sans aller jusqu’à envisager un démantèlement du « Big Four » du secteur.

Face aux pressions de députés réclamant un renforcement de la supervision des sociétés d’audit à la suite des faillites du groupe de BTP Carillion et du distributeur BHS, le Financial Reporting Council (FRC) a dévoilé lundi un « nouveau programme stratégique » censé mieux garantir la préservation de l’intérêt général dans les pratiques du secteur.

PricewaterhouseCoopers (PwC), EY, Deloitte et KPMG, considérés comme le « Big Four » de l’audit, fournissent généralement des services de conseil, facturés très chers, à des entreprises dont ils vérifient déjà les livres de compte. Cette double activité nourrit les doutes sur la capacité des cabinets d’audit à critiquer les orientations définies par les dirigeants de leurs entreprises clientes.

En juin, le FRC a infligé des amendes de 6,55 millions de livres (7,4 millions d’euros) à PwC et de 325.000 livres à son ex-associé Steve Denison à la suite de la faillite de la chaîne de magasins BHS. Steve Denison n’avait facturé que deux heures d’audit mais 31 heures de prestations autres, laissant l’essentiel de l’examen des comptes de BHS à des collègues moins expérimentés.

« L’examen consistera notamment à déterminer si de nouvelles initiatives sont nécessaires pour éviter que l’indépendance des cabinets d’audit ne soit compromise, notamment si les activités de conseil aux entreprises qu’ils auditent doivent être interdites », déclare le FRC dans un communiqué.

Le FRC travaillera sur le sujet en étroite collaboration avec la Competition and Markets Authority (CMA), l’autorité britannique de la concurrence et des marchés, a-t-il ajouté.

RENFORCEMENT DES CRITÈRES D’AUDIT

EY s’est dit favorable à toute mesure encourageant l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché de l’audit, tout en se disant toujours pleinement attaché au modèle multidisciplinaire combinant audit et conseil.

Deloitte a déclaré pour sa part qu’il soutenait la réflexion entreprise par le FRC mais qu’un débat plus large sur l’avenir de l’audit était nécessaire.

PwC n’a pas réagi dans l’immédiat tandis que KPMG a refusé de s’exprimer.

Tirant les leçons de faillites récentes, le FRC a déclaré qu’il chercherait à renforcer les critères permettant aux cabinets d’audit de déterminer si une entreprise peut affirmer qu’elle dispose de suffisamment de ressources pour poursuivre ses activités pendant au moins un an.

Le FRC pourrait aussi imposer aux cabinets d’audit d’exprimer publiquement leurs doutes éventuels sur le « réalisme » d’une entreprise se disant en mesure de poursuivre ses activités.

Le gouvernement a demandé en avril une commission d’enquête indépendante sur le FRC. Cette enquête fera l’objet d’un rapport d’ici la fin de l’année et pourrait proposer de renforcer les pouvoirs du FRC ou de procéder à une restructuration plus radicale.

La CMA a déjà entendu les propositions du secteur britannique de l’audit portant sur une limitation temporaire du nombre de grandes sociétés cotées que le Big Four peut auditer.

Ces propositions visent à répondre aux critiques de parlementaires selon lesquelles le Big Four, qui audite presque toutes les sociétés de premier plan, ne fait pas face à une concurrence suffisante et qu’une scission entre les activités d’audit et de conseil est peut-être nécessaire.

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