Menacés par la mafia, des journalistes italiens sous escorte

Lundi 12 mars 2018

Menacés par la mafia, des journalistes italiens sous escorte

Dix-neuf reporters italiens vivent actuellement sous protection policière permanente. Un phénomène en hausse, alorq qu’un clan de la ’Ndrangheta est suspecté d’avoir tué un journaliste slovaque et sa compagne.

LE MONDE | 12.03.2018 à 04h30 • Mis à jour le 12.03.2018 à 18h13 | Par Thomas Saintourens

Une Opel grise s’immobilise sur le parking du stade communal, vide en ce jeudi matin d’hiver. La vitre arrière s’abaisse, laissant entrevoir le visage de la passagère, une femme brune : Marilena Natale, une journaliste locale. D’un brusque geste de la main, elle nous invite à suivre le convoi. Le chauffeur de l’Opel redémarre, zigzaguant dans les rues désertes de Casal di Principe (Campanie), le fief d’un puissant clan de la Camorra, la mafia napolitaine. La voiture grise file le long des hautes clôtures protégeant des villas forteresses aux volets clos, puis se gare dans la cour intérieure de l’ex-demeure de Mario Caterino – un tueur notoire condamné à perpétuité – transformée en un restaurant-pizzeria, symbole de la lutte antimafia. Précédée par son garde du corps, un grand gaillard au crâne chauve, Marilena Natale s’enferme dans un bureau du premier étage. Elle grille une cigarette puis, à la manière d’une cartomancienne, retourne sur la table les portraits format A4 des membres de la famille Schiavone. « Voici mon puzzle criminel », annonce-t-elle de sa voix rocailleuse, avec cet accent napolitain qui fait chuinter les « s ».

« Ils veulent ma mort. C’est à cause de cette famille, une vraie holding criminelle, que je suis sous escorte depuis treize mois », raconte cette femme de 45 ans, mère de deux garçons d’une vingtaine d’années, en avisant le carabinier en civil posté dans un coin de la pièce, toujours debout, jamais dos à la porte. Voilà plus de vingt ans qu’elle chronique les méfaits des maîtres mafieux du territoire. Après avoir longtemps travaillé au quotidien La Gazzetta di Caserta, elle est désormais journaliste et reporter d’images pour Piùenne, une chaîne de télévision locale dont le JT bat des records d’audience. Marilena Natale est la dernière arrivée au « club » des 19 reporters italiens sous escorte. Un chiffre dévoilé il y a quelques mois. « Moi, je ne voulais pas faire ce métier. Je veux juste écrire…

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