Patrick Drahi : l’empereur à crédit

Samedi 12 août 2017

Patrick Drahi : l’empereur à crédit

Le patron d’Altice, déjà lourdement endetté, souhaiterait acquérir Charter, le deuxième câblo-opérateur américain. Une opération à 200 milliards d’euros.

Par Quentin Soubranne Publié le 12/08/2017 à 09:34 | Le Point.fr

Après le rachat des opérateurs du câble américain Suddenlik et Cablevision en 2015 (respectivement pour 9,1 et 17,7 milliards de dollars), Patrick Drahi voudrait donc désormais s’attaquer à Charter Communications, le deuxième câblo-opérateur américain. C’est en tout cas ce que croient savoir le média financier américain CNBC et l’agence Reuters. Du côté de CNBC, on estime même « probable » la formulation d’une offre de rachat de Charter par Altice USA, la filiale américaine du groupe de Patrick Drahi. Si cette acquisition permettrait à Altice USA de renforcer sa position et d’intégrer le top 3 des câblo-opérateurs américains, la question du financement d’une opération d’une telle ampleur se pose.

En effet, cette fois, la cible est énorme. La capitalisation boursière de Charter s’élève actuellement à 120 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter la dette nette de l’entreprise, de l’ordre de 60 milliards de dollars. De plus, les principaux actionnaires du câblo-opérateur américain ne semblent pas si désireux de céder leur participation, ce qui implique nécessairement d’offrir une jolie prime pour les convaincre. La valeur totale de l’entreprise serait donc de l’ordre de 200 milliards de dollars (environ 170 milliards d’euros). Celle d’Altice est, elle, estimée à 90 milliards d’euros. Quant à Altice USA, elle ne pèse « que » 23 milliards de dollars en capitalisation boursière. Mais ce n’est pas la première fois que le groupe de Patrick Drahi tente d’acquérir un câblo-opérateur plus gros que lui. En 2014, il était parvenu à racheter SFR via Numericable, dont le chiffre d’affaires était plus de dix fois moindre.

[…] Attention, malgré tout, à ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Certains observateurs commencent en effet à faire des rapprochements entre Patrick Drahi et Jean-Marie Messier, l’ancien patron tout-puissant de Vivendi, qui, plombé par une dette colossale, a vu son conglomérat de télécoms et médias s’effondrer à l’orée des années 2000. Gageons que cette comparaison n’empêchera pas Patrick Drahi de dormir. Lire la suite.

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