Accident de train au Cameroun : la filiale de Bolloré reconnue « responsable »

Dimanche 28 mai 2017

Afrique

Accident de train au Cameroun : la filiale de Bolloré reconnue « responsable »

27 mai 2017| Par Fanny Pigeaud

Premier revers au Cameroun pour le groupe Bolloré : une commission nationale d’enquête a établi « la responsabilité à titre principal » de sa filiale ferroviaire Camrail dans le terrible accident d’un train de voyageurs survenu en octobre 2016. Le gouvernement camerounais annonce son intention de rediscuter la concession ferroviaire attribuée au groupe Bolloré.

Peu de Camerounais s’attendaient à avoir un jour des nouvelles des enquêtes ouvertes sur l’accident d’un train de la compagnie Camrail, qui a fait officiellement 79 morts, un nombre indéterminé de disparus et au moins 600 blessés, le 21 octobre 2016. Le fait que Camrail soit une filiale du groupe français Bolloré, omniprésent au Cameroun et souvent considéré comme tout-puissant, laissait penser que les autorités mettraient prudemment le dossier de côté jusqu’à le faire oublier.

Le président Paul Biya, 84 ans, a déjoué les pronostics : il a finalement rendu public, ce 23 mai, les conclusions générales de la Commission d’enquête administrative créée au lendemain du drame et présidée par le premier ministre Philemon Yang. Et ce n’est pas bon pour le groupe Bolloré, qui contrôle Camrail à plus de 77 %  : après avoir « examiné de manière détaillée un nombre important de rapports et de documents, procédé à de nombreuses auditions et effectué des descentes sur le terrain », la Commission a établi « la responsabilité, à titre principal, du transporteur, la société Camrail, dans le déraillement du train Intercity n° 152 », qui assurait la liaison Yaoundé-Douala, a annoncé la présidence de la République dans un communiqué.

[…] Mais il faut souligner que ses décisions de publier les conclusions de l’enquête et de lancer un audit du contrat de Camrail rompent déjà avec le passé : c’est la première fois qu’il agit publiquement en défaveur de Bolloré. Le président camerounais, au pouvoir depuis 1982, a en effet toujours veillé à préserver les intérêts du groupe industriel français, allant jusqu’à lui accorder des marchés, comme celui du terminal à conteneurs du nouveau port de Kribi, attribué en 2015 contre l’avis des experts. Bolloré vient ainsi de vivre son premier revers au Cameroun. Lire la suite.

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