Une agence qui renifle l’argent
Une agence qui renifle l’argent
Société
Par Renaud LECADRE jeudi 17 novembre 2005
Prière ne plus parler de barbouzerie, mais « d’intelligence économique ». Il y a longtemps que Kroll Associates, spécialisé aujourd’hui dans le consulting tous azimuts, ne se contente plus de fouiller les poubelles.
Le cabinet (4 000 employés dans 25 pays) sait aussi faire parler les disques durs, pister l’argent baladeur dans les paradis fiscaux.
Sa proximité avec les pouvoirs publics lui a valu d’être officiellement missionné pour traquer l’argent de chefs d’états indélicats (outre Saddam Hussein, le Philippin Ferdinand Marcos et le Brésilien Fernando Collor).
Signe des temps, Kroll est aussi chargé de récupérer les actifs de grands scandales boursiers (Enron et Parmalat).
Mieux, le cabinet est de plus en plus chargé d’arbitrer les élégances médiatiques ou diplomatiques : les Etats-Unis ont dû rembourser le bombardement d’une usine pharmaceutique soudanaise soupçonnée à tort selon Kroll d’être une fabrique d’armes du réseau Ben Laden.
En France, son principal client fut LVMH, au plus fort de sa guerre contre le groupe Pinault : dans l’Ange exterminateur (Albin Michel), Airy Routier estime que Kroll lui a facturé 2,5 millions d’euros, soit un tiers de son activité française. Dans l’Epreuve les preuves (Michel Lafon), Roland Dumas affirme avoir été pisté par Kroll sur ordre de Thomson, alors qu’il s’opposait en tant que ministre des Affaires étrangères à la vente de frégates à Taïwan.
© Libération
Publié avec l’aimable autorisation du journal Libération.
Visitez le site du journal Libération.
fr
La Corruption
Corruption économique
?