Dubaï, centre offshore du commerce iranien

Jeudi 11 mai 2017 — Dernier ajout mardi 13 juin 2017

Dubaï, centre offshore du commerce iranien

La mégapole émiratie reste le poumon économique de son grand voisin persan. En attendant la levée effective des sanctions, l’Iran continue à s’appuyer sur ses réseaux et sur son quartier d’affaires.

LE MONDE ECONOMIE | 11.05.2017 à 10h40 | Par Louis Imbert (Dubaï, envoyé spécial)

Sous l’œil assoupi des douaniers omanais, dans le port de Khasab (Nord), quelque deux cents contrebandiers iraniens s’apprêtent à rentrer au pays. Comme chaque matin et chaque soir, ils chargent leurs vedettes de biens de consommation courante, achetés à Dubaï et convoyés jusqu’à ce port voisin, isolé et arrangeant, par une route qui sillonne des falaises de calcaire aveuglantes : de larges téléviseurs à écran plat, des climatiseurs, des cartons de cigarettes, de jus de fruits, de boissons énergisantes, de poupées et de vêtements, un jet-ski et deux puissantes motos japonaises…

Dans une heure, les passeurs laisseront derrière eux l’éperon rocheux de Khasab pour traverser le détroit d’Ormuz. Ils rejoindront, à la nuit tombée, des criques discrètes sur l’île iranienne de Qeshm et près des ports de Bandar Abbas et de Sirik.

Ce trafic a prospéré durant la crise du nucléaire iranien : il était alors un symbole de l’isolement du pays. Mais, depuis janvier 2016, avec la levée de l’essentiel des sanctions internationales qui pesaient sur Téhéran, les affaires sont moins bonnes à Khasab, car le commerce légal reprend de la vigueur.

« Rien n’a changé ! »

Le gouvernement du président Hassan Rohani lutte contre l’économie de contrebande, qui avait permis à l’Iran de survivre, à très haut coût, durant les années noires. Les livraisons de cigarettes de trois exportateurs de Khasab, tous installés à Dubaï, ont diminué de moitié en un an. « Les douaniers iraniens harcèlent les bateaux : cela n’en vaut plus la peine », raconte Suresh Putholi, qui a abandonné ce commerce. M. Putholi gère désormais l’Hôtel Diwan Al Amir, sur le front de mer, où le touriste se fait désirer en ce début de printemps.

Pourtant, les passeurs travaillent encore opiniâtrement. « Rien n’a changé ! », dit amusé l’un d’eux, Haïdar, sous le couvert de l’anonymat. Pour lui, originaire de Qeshm, pour sa famille et pour ses proches, les… Lire la suite.

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