Les ONG dans le viseur des multinationales

Samedi 8 avril 2017

Récit

Les ONG dans le viseur des multinationales

Par Renaud Lecadre — 6 avril 2017 à 19:56

En réaction aux happenings des altermondialistes, des grands groupes comme Vinci, BNP ou Veolia leur intentent des procès à tout va. Les militants dénoncent ces « procédures bâillons » destinées à intimider des organisations plus faibles financièrement et juridiquement.

Les multinationales se rebiffent : face aux happenings spectaculaires des altermondialistes, elles multiplient les plaintes en justice. Certaines ONG croulent ainsi sous les procédures pour diffamation, dégradation ou autres prétextes. Samedi dernier, lors d’une action parisienne organisée par Attac, 35 militants ont été placés en garde à vue. A l’occasion du premier anniversaire des Panama Papers, révélation mondiale d’une massive évasion fiscale en bande organisée, des mobilisations ont lieu cette semaine, à l’échelle européenne, la fraude fiscale englobant bien d’autres luttes. Et la planète alter s’interroge sur ces « procédures bâillons » visant à faire taire les contestataires de tout poil.

Les juristes de Sherpa contre la traite moderne

Cette ONG de juristes a l’habitude des procès - c’est même l’une de ses raisons d’être. En attaque, quand elle porte plainte contre des multinationales, ou en défense, quand les mêmes la poursuivent en diffamation. C’est la règle du jeu. Ultimes algarades en date, Sherpa versus Vinci (pour les conditions de travail sur ses chantiers au Qatar), ou Bolloré (contre l’exploitation de ses plantations en Afrique), ordinaire des affaires courantes…

Son fondateur, l’avocat William Bourdon, lui-même plusieurs fois mis en examen pour diffamation, en a vu d’autres, avec des plaintes, suivies de retraits puis de contre-plaintes déposées par Vincent Bolloré au gré des rapports de force. Il maintient le cap : « Il est question de procédures bâillons pour faire taire les ONG, mais l’intuition initiale de Sherpa était de rendre responsables, de gré ou de force, les grands acteurs du marché, car il n’y aura pas d’humanisation de la mondialisation sans responsabilisation des multinationales. » En sus des happenings de militants, cela passe donc aussi par le droit, fût-ce à travers un procès et à l’aide de bons avocats. Lire la suite.

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