La garde à vue d’un proche d’Ali Bongo et la raison d’Etat

Mardi 4 août 2015

Compte rendu

La garde à vue d’un proche d’Ali Bongo et la raison d’Etat

Par Joan Tilouine et Simon Piel

Le Monde.fr Le 03.08.2015 à 18h36 • Mis à jour le 04.08.2015 à 12h26

L’influent directeur de cabinet du président Ali Bongo, Maixent Accrombessi, se souviendra de son passage estival à Paris. Alors qu’il s’apprêtait à quitter la capitale, il a été interpellé lundi 3 août, à 9 heures, par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIF) dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte le 9 juillet 2007 pour « corruption d’agent public étranger » et « blanchiment », comme l’a révélé Jeune Afrique.

Placé en garde à vue à Nanterre, M. Accrombessi a tenté de faire valoir son immunité diplomatique, censée le prémunir de toute mesure coercitive, mais le ministère des affaires étrangères avait indiqué en amont aux enquêteurs qu’il n’en bénéficiait pas. Mais quelques heures après le début de sa garde à vue, la présidence gabonaise a opportunément transmis au Quai d’Orsay une lettre de mission datée du 17 juillet, indiquant que le directeur de cabinet se trouvait à Paris pour une « mission officielle » du 19 juillet au 5 août.

[…] Un virement de plus de 300 000 euros

L’organisme de lutte contre le blanchiment Tracfin avait fait part de ses doutes sur un virement de plus de 300 000 euros, émis le 7 juin 2006, par la société Marck vers un compte monégasque appartenant à la société CITP, une société de droit gabonais, gérée par le Sénégalo-Malien Seydou Kane, un proche de Maixent Accrombessi. « Je ne travaille ni pour le Gabon ni pour la France. S’ils en veulent à Maixent Accrombessi, qu’ils trouvent autre chose », confie M. Kane au Monde.

D’autres virements – six exactement – d’un montant total de deux millions d’euros, intriguent les enquêteurs. Ils seraient là aussi partis de la société Marck vers un compte monégasque, cette fois détenu par une société baptisée AIKM, domiciliée au Bénin et gérée par Maixent Accrombessi lui-même.

L’actuel directeur de cabinet du président Ali Bongo a-t-il été corrompu par une entreprise française soucieuse de s’assurer un contrat avec le Gabon ? C’est l’une des hypothèses suivies par les policiers. Contacté, un haut responsable de la société Marck n’a pas souhaité faire de commentaires.

Car ce n’est pas la première fois que le nom du groupe Marck se retrouve au cœur d’opérations financières opaques entre la France et l’Afrique. En 2014, dans le cadre de la tentaculaire enquête sur l’homme d’affaires et parrain présumé Michel Tomi, son patron Philippe Belin avait été mis en examen pour « corruption d’agents publics étrangers » autour de contrats passés avec le Mali et le Cameroun.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/08/03/le-directeur-de-cabinet-d-ali-bongo-en-garde-a-vue_4710216_3212.html#z9gfCUArXWmRhrBP.99

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