Les banques universelles menacées par le blanchiment d’argent

Samedi 20 juin 2015

Les banques universelles menacées par le blanchiment d’argent

Suisse Les risques d’infractions pénales qui pèsent le plus sur le plan bancaire sont l’escroquerie y compris sur Internet avec l’utilisation frauduleuse d’un ordinateur.

La place financière est plus menacée par le blanchiment d’argent que par le financement du terrorisme. Les banques universelles sont les plus à risque, selon un rapport adopté vendredi par le Conseil fédéral.

Il s’agit de la première analyse commune de toutes les autorités impliquées dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Elle a été élaborée par le Groupe interdépartemental de coordination sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (GCBF).

Trafic de stupéfiants

Les risques d’infractions pénales qui pèsent le plus sur le plan bancaire sont l’escroquerie y compris sur Internet avec l’utilisation frauduleuse d’un ordinateur. Viennent ensuite les actes de corruption commis à l’étranger, l’abus de confiance ainsi que le soutien et l’appartenance à une organisation criminelle. La majorité de ces délits sont commis hors des frontières helvétiques.

Concernant les infractions commises en Suisse, les banques de détail, comme la Raiffeisen, sont d’abord menacées par la criminalité de proximité qui comprend notamment le trafic de stupéfiants.

Les banques privées de gestion de fortune, à l’image de Pictet et Edmond de Rothschild, ainsi que celles à caractère universel, comme la Banque cantonale vaudoise, sont plus exposées aux risques de blanchiment d’argent. Les gérants de fortune, les fiduciaires, les avocats et les notaires sont également concernés.

Cela s’explique notamment par la complexité de leurs relations d’affaires, des montants élevés impliqués ainsi que de la difficulté rencontrée par les autorités de poursuite pénale de prouver des crimes commis à l’étranger. A cet égard, la collaboration avec l’étranger s’avère primordiale.

Les mesures anti-blanchiment mises en place réduisent également les vulnérabilités du secteur bancaire. Même si la menace est élevée, le risque est géré de manière adéquate, estime le Conseil fédéral.

Technologies à surveiller

Au niveau du secteur immobilier, le risque de blanchiment d’argent est plutôt faible pour le négoce pour compte propre. Il est plus important chez les négociants avec des clients offrant des services de gestion de fortune.

Les services de trafic de paiement présentent un risque moyen. Mais celui-ci varie en fonction de la technologie utilisée. Grâce à l’avancée technologique, les paiements sans intermédiaires financiers se multiplient. Selon le GCBF, ce secteur nécessite une vigilance accrue.

Faible risque pour les assurances

Le commerce des métaux précieux est lui aussi globalement exposé à un risque moyen. Mais le danger est plus fort pour les échanges transfrontaliers d’or raffiné impliquant des fonderies et pour le commerce de détail de vieil or.

Pour les assurances, les maisons de jeu, les services de crédits et de leasing, la menace de blanchiment d’argent s’avère faible.

Concernant le financement du terrorisme, les secteurs bancaires et les services de crédit sont les plus à risque. Même si les montants impliqués sont souvent faibles, la menace terroriste pourrait augmenter si les réseaux de financement utilisent de manière plus systématique les modes alternatifs de transmission des fonds en Suisse.

Recommandations

Globalement, la Suisse dispose d’un arsenal juridique efficace contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, même si les armes judiciaires pourraient être plus fréquemment utilisées. Pour ce faire, le dialogue entre les intermédiaires financiers et le Bureau de communication en matière de blanchiment (MROS) doit être encore plus renforcé.

Le GCBF recommande aussi de poursuivre les analyses de risque. Pour réduire les vulnérabilités dans l’immobilier, le groupe mise sur un registre foncier national qui permettrait des recherches sur la base des noms des propriétaires d’immeubles. Il préconise également une surveillance accrue des fondations et la mise en place de la stratégie du Conseil fédéral en matière d’entrepôts douaniers.

Enfin, la transparence dans le domaine des matières premières devrait être renforcée, via de nouvelles règles comptables. Le GCBF espère que cela figurera dans la réforme du droit de la société anonyme que le Conseil fédéral devrait bientôt proposer au Parlement.

(smk/ats/Newsnet)

(Créé : 19.06.2015, 13h48)

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