Corsafrique : Michel Tomi, le dernier des Mohicans

Lundi 11 mai 2015

Portrait

Corsafrique : Michel Tomi, le dernier des Mohicans

justice

11/05/2015 à 08:47 Par Rémi Carayol

C’est un ami intime de certains présidents africains, et la justice française s’intéresse de près à ses affaires. « Vrai truand » pour les uns, « homme de bien » pour d’autres, Michel Tomi a fait fortune dans les casinos et les salles de jeux. Nous l’avons rencontré.

Ce serait donc lui, le dernier des parrains français… Une veste en cuir mal coupée sur un pull ordinaire. Le verbe monotone, jamais haut. Et pour le rendez-vous, un cadre neutre : le salon d’un hôtel bon chic bon genre, sans plus, du 8e arrondissement de Paris, en fin d’après-midi. Pas de filtre. Pas même de messes basses. Son compère, feu Robert Feliciaggi, aimait paraît-il jouer au parrain - celui du film -, fumer de gros cigares et ouvrir ses chemises. Pas lui. Pas ce jour-là en tout cas.

[…] Cavale

De quoi l’accuse-t-on, au juste ? Dans le désordre : d’avoir mis en place une entreprise de blanchiment d’argent entre l’Afrique et la France via des paradis fiscaux ; de faux, usage de faux et abus de confiance ; d’être en lien, sinon en affaires, avec des figures de la pègre corse, et d’en avoir aidé certaines lorsqu’elles étaient en cavale ; et, plus récemment, d’avoir corrompu un agent public étranger, et par n’importe lequel : le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

On ne le dira pas aussi directement dans les sphères du pouvoir, mais on lui reproche aussi tout simplement d’avoir fait fortune dans un milieu que l’on évoque en se pinçant le nez en France : les casinos et les salles de jeux. Et de s’être acoquiné plus que de coutume avec des chefs d’État africains, ce qui a le don d’irriter un certain nombre de diplomates et d’apporteurs d’affaires. Et puis il y a les confidences de ceux qui l’ont côtoyé. Anonymes, toujours.

[…] « Cadeaux »

Depuis quelques mois, Tomi est de nouveau dans le viseur de la justice française. Il a été mis en examen le 20 juin 2014 (en même temps que certains de ses proches) pour corruption d’agent public étranger, faux et usage de faux, abus de confiance et tout un wagon d’autres délits. La justice, ainsi que l’avait révélé Le Monde, s’interroge sur un certain nombre de « cadeaux » qu’il aurait faits à IBK avant et même après son élection : des vêtements de marque, des séjours dans des hôtels de luxe, des frais d’hospitalisation…

Tomi a dû payer une caution de 2 millions d’euros pour sortir de prison et est soumis à un contrôle judiciaire. Quand il veut quitter la France, il doit en informer les juges et obtenir leur aval. Mais cela ne l’empêche pas de se rendre régulièrement au Gabon. Sur son implication dans la course à la présidence malienne en 2013, les témoignages divergent.

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