« Le Prix à payer » pour les sans domicile fisc

Mercredi 4 février 2015

« Le Prix à payer » pour les sans domicile fisc

Christophe ALIX 3 février 2015 à 18:46

CINÉMA Documentaire implacable sur ces multinationales qui fuient l’impôt, mettant en danger la démocratie.

[…] Etat-providence. Cette évasion fiscale pratiquée à très grande échelle par des multinationales devenues plus puissantes que la plupart des Etats est pourtant tout sauf virtuelle pour ceux qui la subissent, c’est-à-dire 99,9% de la population mondiale. En privant les Etats des recettes fiscales qui pendant des décennies ont financé l’Etat-providence et fondé son pacte social autour du socle, longtemps en expansion, de la classe moyenne, elle sape les fondements de nos démocraties. « C’est comme si, 225 ans après la Révolution française, on était revenu au point de départ, explique la journaliste québécoise et coscénariste du film Brigitte Alepin, dont l’enquête parue en 2010, la Crise fiscale qui vient (Vlb Editeur), a servi de fil directeur à cette magistrale enquête. A l’époque, le tiers état croulait sous le poids des impôts tandis que la noblesse n’en payait pas. Les classes moyennes et modestes sont le nouveau tiers état paupérisé du XXIe siècle, les multinationales sa nouvelle noblesse. » Sur fond de l’explosion des inégalités - en 2016, les 1% les plus riches posséderont en patrimoine cumulé plus que les 99% restants de la population mondiale, d’après l’ONG Oxfam - et d’une crise morale du capitalisme qui n’en finit pas de s’étendre, ce docu choc dans la veine d’un Inside Jobs dresse avec moult pédagogie l’inventaire de « ces forces qui creusent les différences entre ces quelques-uns et la majorité ». On ne saurait mieux dire.

A tout seigneur, tout honneur, cette traque aux milliards du grand « nulle part » débute à la City londonienne, plaque tournante planétaire et tentaculaire d’un système longtemps protégé par la règle d’or du « ceux qui savent ne parlent pas ». Une époque semble-t-il révolue, à voir la brochette d’insiders repentis qui témoignent dans le film. « Le fait qu’il y en ait de plus en plus montre qu’il y a de l’espoir, explique Brigitte Alepin. A la faveur de la crise financière, l’opacité du système commence à se lézarder. » Lire la suite sur le site du journal Libération.

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