Grâce à la Suisse, Rosneft fore en Arctique malgré les sanctions

Mercredi 13 août 2014

Grâce à la Suisse, Rosneft fore en Arctique malgré les sanctions

Mikå Mered / Consultant risques politiques Arctique/Antarctique | Le 13/08 à 09:26

Extraits de l’article mis en ligne sur le site du journal Les Echos :

Il ne faut pas se mentir ! La portée des nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie, adoptées par Bruxelles, Washington et Berne, est toute relative. Elles relèvent de la communication stratégique. Pour l’illustrer, attardons-nous sur le lancement des forages pétroliers dans l’Arctique russe.

Aucune conséquence pour le projet pétrolier phare

Premièrement, les sanctions occidentales ne s’appliquent finalement pas sur les accords signés avant le 1er août 2014. Ainsi, si pas mal d’accords commerciaux devaient être reportés, dans le cas de Kara, les besoins en technologies de pointe faisaient déjà partie de l’accord de coentreprise entre ExxonMobil et Rosneft. Cette coentreprise, Karmoneftegaz, est détenue à 51 % par le russe et 49 % par l’américain.

Or, le 30 juillet dernier, Karmoneftegaz a signé une série d’accords courant jusqu’en 2022 avec un spécialiste parapétrolier norvégien, North Atlantic Drilling (NAD). La transaction implique l’achat par les Norvégiens de 6 plateformes de production offshore Arctiques-prêts d’ici à 2022. La plateforme utilisée depuis lundi, West Alfa, est déjà propriété de NAD. Évidemment, les entreprises norvégiennes ne sont pas tenues d’appliquer les sanctions de l’Union européenne contre la Russie.

De la même manière, Rosneft a acquis le 28 juillet dernier, une participation dans l’un des leaders mondiaux de services parapétroliers fourniture de matériel de forage, Weatherford International. Le montant du deal s’élève à 393,3 millions de dollars. Le siège de cette société fut relocalisé de l’Irlande vers la Suisse en avril dernier. Elle n’est donc pas davantage tenue d’appliquer les sanctions contre la Russie. Elle possède des technologies de pointe spécifiques aux environnements nordiques qui seront utilisées sur le projet Kara, technologies développées en son centre opérationnel de Houston et testées… en Norvège. Comme on peut le voir, Rosneft a parfaitement su anticiper pour se couvrir.

C’est donc non sans ironie que Vladimir Poutine s’est offert une petite phrase durant la cérémonie de lancement du projet Kara, en présence du PDG d’ExxonMobil Russie, samedi dernier : « Nous sommes heureux de voir le pragmatisme et le bon sens prévaloir, même malgré la conjoncture politique difficile »

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-107287-grace-a-la-suisse-rosneft-fore-en-arctique-malgre-les-sanctions-1032712.php?w8RhcHU3wZqvPIAQ.99

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