Hédiard : les salariés saisissent le procureur de la République

Jeudi 26 juin 2014

Hédiard : les salariés saisissent le procureur de la République

Par Thiébault Dromard

Publié le 26-06-2014 à 11h19 Mis à jour à 17h51

EXCLUSIF Alors que le tribunal de commerce de Paris a statué sur le sort d’Hédiard, les salariés ont saisi la justice pour contrer le principal actionnaire de l’enseigne.

Le délibéré a été prononcé par le Tribunal de commerce de Paris jeudi 26 juin. En toute logique, l’offre de continuation déposée par l’actuel actionnaire Sergei Pougatchev et son allié, le groupe côté autrichien Do & Co l’a emporté : ce sont les seuls à avoir fait une offre de continuation.

Mais les salariés et notamment des membres du Comité d’entreprise sont très inquiets. Ils ne comprennent surtout pas comment les mandataires sociaux d’Hédiard, l’administrateur judiciaire en charge du dossier, les commissaires au compte de la société n’ont pas pu s’interroger notamment sur l’ensemble des poursuites dont fait aujourd’hui l’objet leur actionnaire Pougatchev, ni sur l’origine des fonds utilisés par leur actionnaire.

C’est la raison pour laquelle ils ont saisi le 24 juin la justice française. En tapant très haut : ils ont écrit, il y a deux jours, à Brigitte Garrigues, première vice-procureur du TGI de Paris, François Molins, le procureur de Paris, Chantal Arens, la présidente du TGI. Un courriel envoyé également en copie au cabinet d’Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie et à Mathieu Aufauvre, commissaire au redressement productif de la région Ile-de-France.

L’autre procès

Le jour où le Tribunal de commerce de Paris doit statuer sur la reprise d’Hédiard s’ouvre à Moscou un autre procès. "Le 26 juin 2014, au Tribunal de Commerce de Moscou, démarre un procès au travers duquel il est réclamé l’équivalent de 2 milliards de dollars de dommages à Monsieur Pougatchev et ses codéfendants concernant la faillite frauduleuse de Mezhpombank (ndlr, Pougatchev est actionnaire à 80% environ)", écrivent-ils.

Par ailleurs, « en mars dernier, le mandat d’arrêt de M. Pougatchev a été confirmé par la justice russe, après le rejet de tous ses appels et je note avec intérêt qu’en 2012, la justice française, à la demande du Deposit Insurance Agency (DIA) de Russie, avait déjà fait saisir une des villas de M. Pougatchev dans le sud de la France », mentionne le courriel.

Des transferts financiers douteux

Puis ces mêmes salariés pointent du doigt l’origine des fonds que leur actionnaire a versé successivement dans l’entreprise. "Comment dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire, supervisée par le Tribunal de commerce de Paris, on a pu permettre à Sergei Pougatchev de transférer 2,2 millions d’euros à Hédiard SA en provenance des Virgin Islands, qui à ma connaissance, sont encore sur la liste de Bercy des paradis fiscaux non coopératifs", mentionne encore ce courriel en précisant qu’un PV du comité d’entreprise avait déjà relevé ce fait.

Mais les auteurs du mail n’ont pas joint, dans ce cas précis, les relevés bancaires qui attestent de ce qu’ils avancent. Ce courrier s’interroge ensuite sur le rôle des deux mandataires sociaux Jacques Rousseaux et Fabrice Trivéro : « quelles relations ces deux mandataires entretiennent avec la galaxie Pougatchev ? ». Lire la suite sur le site du magazine Challenges.

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