Société Générale : le fonds souverain libyen réclame un milliard d’euros

Lundi 31 mars 2014

Société Générale : le fonds souverain libyen réclame un milliard d’euros

AFP Publié le 31/03/2014 à 09:06, Mis à jour le 31/03/2014 à 12:34

Le fonds souverain libyen a déposé plainte auprès de la justice britannique contre la Société Générale, l’accusant d’avoir versé des pots-de-vin à un proche d’un fils du colonel Kadhafi, des « allégations » jugées « infondées » par la banque française, a-t-on appris lundi.

La Libyan Investment Authority (LIA), qui poursuit la banque, trois de ses filiales et Walid Giahmi, un proche de Seif al-islam Kadhafi, réclame 1,5 milliard de dollars (1,09 milliard d’euros) de compensations pour des pertes qu’elle dit avoir subies dans ce dossier.

« Les investissements et les transactions effectués pour le compte de la LIA ont généré de lourdes pertes en raison de malversations et d’actes de corruption », affirme-t-elle dans un communiqué.

Selon la plainte déposée mercredi dernier à Londres, et dont l’AFP a obtenu une copie, Société Générale a versé au moins 58 millions de dollars à Leinada, une structure basée au Panama et dirigée par Walid Giahmi.

« Les paiements s’effectuaient en contrepartie de supposés services de conseil » portant sur l’investissement par la LIA de 2,1 milliards de dollars (1,5 milliards d’euros) dans des obligations émises par Société Générale et plusieurs de ses filiales entre fin 2007 et mi-2009, dénonce le fonds souverain libyen.

Mais « il n’existe aucune indication prouvant que la société Leinada a effectivement produit de services légitimes en relation avec les transactions incriminées », assure-t-il.

« D’autant plus que la Société Générale n’avait nul besoin d’aide, concernant le montage des transactions et les solutions d’investissement, surtout venant de la part d’une personne ne possédant pas d’expertise dans les montages financiers et les transactions sur les produits dérivés », poursuit-il.

« Société Générale conteste les allégations infondées de la plainte de la LIA », a indiqué à l’AFP la banque française, en réaction au dépôt officiel de la plainte par le fonds libyen.

La LIA avait déjà lancé fin janvier une procédure judiciaire contre Goldman Sachs, accusé d’avoir « délibérément mis à profit » l’inexpérience de ses responsables pour empocher 350 millions de dollars de profit sur un milliard de dollars de transaction.

La Société Générale est également mise en cause dans une enquête ouverte en parallèle par le département américain de la Justice (DOJ). Outre SocGen, elle porte sur la possibilité que des banques américaines comme Goldman Sachs et JPMorgan Chase, helvète comme Crédit Suisse et des fonds tels Blackstone et Och-Ziff Capital Management, aient violé les lois anti-corruption américaines dans le cadre de leurs opérations avec le fonds souverain libyen.

Celui-ci, créé en 2006, pèse 60 milliards de dollars et gère des actifs acquis grâce aux surplus liés notamment à l’exportation d’hydrocarbures.

Alors contrôlée par le dictateur libyen, la LIA possédait dans son portefeuille des investissements dans trois fonds de SocGen pour un montant d’1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros).

Avant d’être gelé à la suite du soulèvement en Libye contre le colonel Kadhafi, la valeur de ce placement s’était cependant effondrée fin juin 2010, n’atteignant plus que 1,05 milliard de dollars (762 millions d’euros au cours actuel), selon l’ONG Global Witness.

Il ne s’agit pas du seul dossier controversé auquel est lié le groupe financier présidé par Frédéric Oudéa.

En décembre, la banque française a ainsi été condamnée à une amende de 446 millions d’euros par la Commission européenne dans l’affaire de manipulation du taux interbancaire Euribor.

Elle a depuis déposé un recours en février afin de contester cette amende.

A midi, le cours de SocGen à la Bourse de Paris ne semblait cependant pas pâtir de la plainte déposée par la LIA, enregistrant une légère hausse de 0,2%, dans un marché stable.

© 2014 AFP

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