La banque du Vatican, maison de discrédit

Dimanche 24 mars 2013

La banque du Vatican, maison de discrédit

Par Jean-Marc Gonin Publié le 22/03/2013 à 18:46

Parmi les dossiers épineux dont il hérite, le pape François devra remettre de l’ordre à l’IOR, un institut financier cerné par les enquêtes judiciaires.

[…] Une situation qui traîne depuis trente ans

Au cœur des dissensions, le ménage nécessaire à l’IOR reste certainement la tâche la plus rude qui attend François. Institution financière créée en 1942 par Pie XII, cette banque entourée d’opacité, riche d’un bilan supérieur à 6 milliards d’euros et de 44 000 comptes courants, a régulièrement défrayé la chronique depuis une trentaine d’années.

En 1982, le krach retentissant du Banco Ambrosiano, un institut catholique milanais dont l’IOR était le principal actionnaire, avait révélé les liens entre la banque vaticane et des hommes « en odeur de mafia », comme disent les Italiens. Le cardinal Paul Marcinkus, grand argentier du Vatican et ami personnel de Paul VI, fut l’un des principaux protagonistes du dossier. La justice italienne, qui tenta à plusieurs reprises de l’entendre, n’en eut jamais la possibilité. Le prélat américain (mort en 2006 dans l’Arizona), proche de la sulfureuse loge maçonnique Propaganda Due (P2), échappa aux poursuites grâce à l’immunité diplomatique. On ne s’attendrait pas à retrouver une éminence de la sainte Eglise catholique au cœur d’un tel dossier : meurtre de Roberto Calvi, président du Banco Ambrosiano, retrouvé pendu sous un pont de Londres, blanchiment d’argent de Cosa Nostra, la mafia sicilienne, et financement d’attentats sanglants commandités par la loge P2 et commis par l’extrême droite italienne. Pas moins. Dans les années qui suivirent le krach de l’Ambrosiano, plusieurs mafieux repentis confirmèrent aux juges d’instruction que les parrains blanchissaient l’argent sale (drogue, extorsion…) via l’IOR.

En 2013, trois décennies après ce scandale majeur, l’IOR n’est toujours pas sorti de l’ère du soupçon. Plusieurs enquêtes judiciaires visent la banque vaticane depuis 2009. Ses principaux dirigeants sont dans le collimateur du parquet de Rome à cause d’un transfert de 23 millions partis d’un compte secret de l’IOR vers deux banques italiennes. Des ecclésiastiques pourraient également être inquiétés dans d’autres affaires touchant directement des congrégations importantes. Les magistrats et les responsables de la Banque d’Italie soupçonnent plusieurs opérations de recyclage d’argent sale. Lire la suite sur le site du journal Le Figaro.

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