Deux proches de Nicolas Sarkozy inquiétés dans l’affaire Karachi

Mercredi 21 septembre 2011

Deux proches de Nicolas Sarkozy inquiétés dans l’affaire Karachi

PARIS (Reuters) - Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur, a été placé en garde à vue mercredi dans l’enquête sur une corruption présumée en marge de contrats d’armements et de la présidentielle de 1995, a-t-on appris de source policière.

Témoin de mariage de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni en 2008, Nicolas Bazire est actuellement directeur général de la holding privée du groupe de Bernard Arnault et siège au conseil d’administration du groupe de luxe LVMH. Il est soupçonné d’avoir pris part aux opérations de corruption.

Thierry Gaubert, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère du Budget en 1993-1995, ex-secrétaire général de la mairie de Neuilly et autre ami du chef de l’Etat, a été de son côté présenté au juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke en vue d’une possible mise en examen. Il avait été placé en garde à vue lundi.

Ces deux proches de Nicolas Sarkozy seraient liés à l’homme d’affaires Ziad Takieddine, mis en examen la semaine dernière pour recel et complicité d’abus de biens sociaux dans ce dossier.

Ziad Takieddine est au centre de deux importants contrats d’armement des années 1990, la vente de sous-marins au Pakistan en 1994 et un marché de frégates avec l’Arabie saoudite.

COMMISSIONS OCCULTES

Une mission d’information parlementaire et des éléments des procédures judiciaires ont désigné Ziad Takieddine comme l’intermédiaire par lequel sont passés 33 millions d’euros de commissions occultes dans le contrat des sous-marins au Pakistan et 200 millions en marge du contrat saoudien.

Le juge Renaud Van Ruymbeke pense que cet argent a pu revenir en partie financer en 1995 la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, qui a utilisé selon la police plusieurs millions d’euros en espèces.

La preuve manque pour établir cette supposée corruption, qui est niée par Edouard Balladur. Ce dernier a parlé de produits de vente de gadgets, puis de dons de sympathisants pour justifier ces versements en espèces.

Nicolas Sarkozy était porte-parole de la campagne Balladur et un rapport de police luxembourgeois remis au juge Van Ruymbeke le désigne comme l’un des possibles maîtres d’œuvre de la mise en place de circuits financiers au Luxembourg, par lesquels sont passés les commissions du contrat pakistanais.

Nicolas Sarkozy a contesté les soupçons, notamment dans un aparté avec des journalistes le 23 novembre 2010. « On est dans un monde de fous. Il n’y a pas un seul parmi vous qui croie que je vais organiser des commissions et des rétrocommissions sur des sous-marins au Pakistan, c’est incroyable (…) et ça devient un sujet à la télévision », avait-il dit.

Devant le juge Renaud Van Ruymbeke, l’ex-épouse de Ziad Takieddine a détaillé le lien de son ex-mari avec plusieurs dirigeants politiques, dont Nicolas Bazire.

Selon le site internet d’informations Mediapart, un témoin entendu le 8 septembre par la police a affirmé que Ziad Takieddine s’était rendu à plusieurs reprises en Suisse pour y retirer des fonds remis à Paris à Nicolas Bazire.

Une autre enquête est ouverte sur un attentat ayant tué en 2002 au Pakistan 11 Français travaillant sur le contrat de sous-marins, et qui pourrait avoir un lien avec la corruption.

Jacques Chirac, élu à l’Elysée, avait en effet interrompu les paiements liés au contrat pakistanais, ce qui pourrait avoir eu pour conséquence lointaine cet attentat, selon une hypothèse encore non démontrée.

Gérard Bon et Thierry Lévêque, avec Nicolas Bertin, édité par Gilles Trequesser

© REUTERS

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence Reuters.

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