Pierre Falcone hausse le ton à son procès en appel

Lundi 31 janvier 2011

« Ignoble, abject » : Pierre Falcone hausse le ton à son procès en appel

De Annie THOMAS (AFP)

PARIS — « C’est ignoble, abject ! » L’homme d’affaires Pierre Falcone a haussé le ton lundi devant la cour d’appel de Paris pour affirmer sa bonne foi dans la vente d’armes à l’Angola qui lui a valu six ans de prison en première instance.

« Je n’ai pas commis les délits dont on m’accuse », « il n’y a pas une seule preuve de ma culpabilité dans le dossier », a répété Pierre Falcone à la cour, qui a entamé sa troisième semaine d’audience avec l’examen de l’exécution et du financement des contrats de vente d’armes à l’Angola, entre 1993 et 1998, pour un montant de 790 millions de dollars.

En 2009, le tribunal correctionnel avait jugé cette vente illicite, car non autorisée et menée depuis la France sous couvert d’une société écran slovaque.

M. Falcone et son partenaire dans cette vente, le Franco-Israélien d’origine russe Arcadi Gaydamak, également condamné à six ans de prison (mais en fuite), affirment qu’elle était légale, menée pour le compte d’un régime légitime aux prises avec une rébellion.

Encore une fois, Pierre Falcone n’a pas nié « avoir mené à bien » l’opération : les armes, munitions et équipements lourds ont été livrés à Luanda, par bateau et par avion, et payés aux fournisseurs russes et bulgares, grâce à un « préfinancement » bancaire gagé sur les exportations futures de l’Angola.

Un compte avait pour cela été ouvert au nom de la société slovaque de commerce d’armement « ZTS-Osos » chez Paribas à Paris, Pierre Falcone affirmant avoir agi sur « mandat », tant de l’Angola que de cette société, pour superviser la réalisation des contrats.

Il a nié toutefois, comme au premier procès, que des mines antipersonnel, des armes « abominables », aient figuré parmi ces équipements.

En cours d’instruction, un témoignage a fait état de « matériels de mauvaise qualité, vendus à un prix bien supérieur à leur valeur » : « Bien entendu c’est faux », a assuré l’homme d’affaires.

Des responsables officiels angolais chargés de contrôler ces matériels n’auraient rien signalé parce qu’ils avaient touché de copieuses commissions ? « C’est ignoble, abject ! », a répliqué Pierre Falcone au président de la cour Alain Guillou.

Ce dernier a alors dit ne pas se souvenir d’avoir lu dans les notes d’audience du premier procès que l’homme d’affaires s’était défendu d’une manière aussi véhémente.

« J’ai tellement voulu qu’on m’interroge sur ce dossier ! », a martelé Pierre Falcone, en remerciant plusieurs fois le président de le questionner, et partant dans de longues et vibrantes explications.

"Il est très difficile de ne pas se perdre" dans les sociétés offshore de M. Falcone, a notamment relevé le président Guillou, rappelant que cette nébuleuse avait été considérée comme un moyen de dissimuler des opérations délictueuses.

"Simplement, Monsieur le président, en fonction des pays et des affaires, il était plus facile de créer et utiliser des sociétés ad hoc (…) que d’ouvrir le capital", a répondu le prévenu.

Les Iles Vierges, par exemple, offrent certes "une fiscalité avantageuse, mais parfaitement légale", a-t-il ajouté.

La cour doit continuer mardi à étudier le fonctionnement du groupe « Brenco » de Pierre Falcone, dont d’anciens employés figurent parmi la vingtaine de prévenus ayant fait appel de condamnations pour abus de biens sociaux.

Poursuivi par ailleurs devant une autre chambre de la cour d’appel pour fraude fiscale, Pierre Falcone, toujours encadré de gendarmes, s’est brièvement déplacé lundi vers une autre salle d’audience, pour entendre qu’une demande de remise en liberté déposée par ses avocats était rejetée.

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Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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