Première : Un socialiste a gagné le paradis fiscal andorran

Vendredi 3 juillet 2009

Édition du jeudi 2 juillet 2009

Première Un socialiste a gagné le paradis fiscal andorran

La principauté d’Andorre est un état indépendant depuis 93.

Extraits d’un article mis en ligne sur le site du Midi Libre :

L’Élysée n’a pas lambiné. Une heure après l’accession de Jaume Bartumeu-Cassany, le 5 juin, à la tête du gouvernement d’Andorre, un message signé Sarkozy arrivait sur le bureau de l’élu. Aux félicitations rituelles, le coprince ajoutait sa volonté d’aider la Principauté à améliorer sa relation avec l’Europe, à condition que le petit pays pyrénéen sorte de la liste grise des paradis fiscaux.

Dans sa bagarre – vertement exprimée en février – contre les « états confettis » voués aux activités financières débridées, le président français ne pouvait rêver meilleur partenaire en Andorre : un socialiste ! Cet avocat de 54 ans, soucieux des droits de l’homme et expert en lutte contre le terrorisme et la corruption, a ravi le pouvoir aux conservateurs qui dirigeaient la Principauté depuis 1993.

En outre, l’homme n’est pas tombé avec la dernière pluie d’orage sur l’Envalira. Député depuis le début des années 90, il a animé l’opposition sans relâche, visant notamment la dette de l’Etat, estimée entre 700 et 900 M € pour un budget de 600 M €. La courtoisie du ton tempère à peine le jugement implacable sur la gestion passée : « La gabegie la plus complète… ».

Pour en sortir, Jaume Bertumeu va économiser sur les dépenses somptuaires, comme ce musée que devait signer Franck Gehry, star mondiale de l’architecture. Et puis, suivant son programme, il va faire tomber un tabou en créant une fiscalité directe. « Taxer les bénéfices de l’activité économique, même si on reste dans la fourchette basse européenne (10 %), c’est déjà une révolution ! Pour l’impôt sur le revenu, il faudra attendre une nouvelle législature car nos alliés centristes n’en veulent pas… ».

En outre, une TVA à 5,5 % va remplacer ce que Jaume Bertumeu appelle « une fiscalité indirecte chaotique », notamment la fameuse taxe sur les marchandises importées et celle sur les services. La future loi fiscale ira de pair avec la sortie de la liste grise dressée par l’OCDE. « Il faut en finir avec cet archaïsme et négocier une association avec l’Europe dont on pourra tirer avantage à travers des aides au développement », plaide le premier Andorran.

Mais là aussi, le socialisme montagnard avance à pas mesurés. Pas question de levée du secret bancaire qui mettrait en danger les 2 000 emplois du secteur financier : « Comme en Suisse et au Luxembourg, nous souhaitons introduire le principe d’échanges d’informations à la demande des pays avec lesquels seront passés les accords, dont la France. »

Andorre ne perdra donc pas sa réputation de paradis fiscal du jour au lendemain.

Lire la suite sur le site du Midi Libre.

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