Le Liechtenstein maintiendra le secret fiscal et les fondations anonymes

Jeudi 21 février 2008 — Dernier ajout samedi 28 juin 2008

21/02/2008 19:17

BERLIN (AFP) - Le Liechtenstein maintiendra le secret fiscal et les fondations anonymes

Le chef du gouvernement du Liechtenstein Otmar Hasler a fait fi des exigences de la chancelière Angela Merkel en assurant que son pays ne communiquera pas à l’Allemagne de données fiscales sur ses contribuables et maintiendra l’anonymat des fondations dans la principauté.

L’Allemagne enquête sur un millier de ses ressortissants soupçonnés d’avoir fraudé le fisc en cachant des fonds au Liechtenstein. Mme Merkel a exigé mercredi la coopération de Vaduz en recevant M. Hasler à Berlin.

La principauté n’est prête à accepter une demande d’entraide judiciaire que s’il y a eu fraude selon le droit liechtensteinois, a déclaré M. Hasler au Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), selon un communiqué diffusé par le journal avant la parution de vendredi.

Il revient « aux autorités fiscales de chaque pays » de traquer elles-mêmes les contribuables qui les fraudent, a estimé M. Hasler.

Mme Merkel a exigé du Liechtenstein la même transparence que celle que Vaduz pratique envers les Etats-Unis. Mais M. Hasler a rejeté cette exigence : « l’accord d’entraide judiciaire avec les Etats-Unis prend appui sur le droit fiscal américain, spécifique et très différent de celui des Etats européens », a-t-il dit.

Il a aussi refusé, selon la FAZ, une coopération plus étroite avec l’OCDE, qui considère le Liechtenstein comme un « paradis fiscal non coopératif » au même titre qu’Andorre et Monaco.

Concernant les « quelque 50.000 fondations » du Liechtenstein, dans lesquelles investissent nombre d’étrangers pour échapper au fisc de leur pays, M. Hasler a affirmé vouloir « conserver le système qui existe depuis 80 ans », basé sur l’anonymat. « Je ne peux pas m’imaginer » que l’on revienne sur cet anonymat, a-t-il dit.

Il a accusé l’Allemagne d’avoir "trahi des secrets" bancaires en exploitant des données volées dans une banque du Liechtenstein et mis en garde Berlin, selon la FAZ, contre la tentation de freiner l’entrée du Liechtenstein dans l’espace Schengen.

« Celui qui veut plus de coopération fiscale avec le Liechtenstein ne peut pas être contre notre entrée dans l’espace Schengen », a averti M. Hasler.

Un diplomate européen avait affirmé mercredi que Berlin pourrait agiter la menace d’une entrée retardée du Liechtenstein dans l’espace Schengen, qui est un espace sans contrôle aux frontières. Les 27 sont censés signer un accord le 28 février.

Pour les clients des banques liechtensteinoises, « la protection de la sphère privée restera un droit fondamental », a encore assuré M. Hasler.

Il a dit que son pays « travaillait » à la mise en application de la 3e directive de l’Union européenne sur le blanchiment d’argent, tout en s’étonnant que Berlin l’exige du Liechtenstein « alors que l’Allemagne elle-même ne l’a pas encore transposée dans son droit national ». « Une telle exigence envers le Liechtenstein paraît assez bouffonne », a jugé M. Hasler.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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