Robert Ducret : « Telle la France en 1982, Berlin use de méthodes malhonnêtes »

Jeudi 21 février 2008 — Dernier ajout mercredi 25 mars 2009

« Telle la France en 1982, Berlin use de méthodes malhonnêtes »

ÉVASION FISCALE

00:00 L’Allemagne paie un « inconnu » pour connaître les noms de contribuables plaçant leur fortune au Liechtenstein. Choqué, l’ex-conseiller d’Etat genevois Robert Ducret se rappelle de méthodes similaires employées par la France.

illustration : © Crédit photo | Robert Ducret, ex-conseiller d’Etat radical, chef du Département des finances de 1977 à 1989. | PIERRE ABENSUR

PHILIPPE RODRIK | 21 Février 2008 | 00h00

Extraits d’un article mis en ligne sur le site du journal La Tribune de Genève :

La justice et le gouvernement allemands viennent de lancer une chasse impitoyable contre les contribuables plaçant leur fortune au Liechtenstein (voir nos éditions des 18 et 19 février). Sans tenir compte du droit de la Principauté, les services secrets d’outre-Rhin (BND) ont accepté des données recueillies en violation du secret bancaire. Ils ont ainsi payé 8 millions de francs un indicateur inconnu, ex-collaborateur d’une banque ou d’une fiduciaire.

Vingt-six ans plus tôt, peu après l’élection du président français François Mitterrand, les douanes hexagonales, sous les ordres de ministres de l’économie et du budget comme Laurent Fabius ou Henri Emmanuelli, ont redoublé de zèle contre les personnes domiciliées en France et plaçant leur argent en Suisse. Les frontaliers actifs dans les cantons de Genève ou Vaud, ainsi que des clients de l’Union de banques suisses, Paribas et la Caisse d’épargne genevoise se sont avérés des cibles toute privilégiées.

Les gabelous ont parfois rétribué leurs indicateurs et autres taupes. Même si les enjeux financiers des deux affaires ne sont pas comparables (en gros 250 millions de francs suisses de 1982, contre environ 6 milliards d’aujourd’hui), les méthodes françaises de l’époque rappellent singulièrement celles de l’Allemagne d’aujourd’hui.

En espérant trouver une issue favorable, le chef du gouvernement liechtensteinois Otmar Hasler s’etretenait hier avec la chancelière Angela Merkel, comme Robert Ducret rencontrait le ministre des finances Pierre Bérégovoy, le vendredi 4 avril 1985, à 16 heures, rue de Rivoli à Paris.

Entretien avec un ex-conseiller d’Etat radical, chef du Département des finances de 1977 à 1989.

Vingt-trois ans plus tard, avez-vous le sentiment qu’Otmar Hasler vivait hier une situation comparable à celle de votre rendez-vous avec Pierre Bérégovoy ?

Le chef du gouvernement liechtensteinois aurait dû me téléphoner. Je me souviens tellement bien de mes allées et venues à Paris. Dans mes démarches, j’étais notamment aidé du président du Conseil général et sénateur de Haute-Savoie Bernard Pellarin, sans oublier le président de l’Association des frontaliers Jean-Pierre Buet.

Quel était le motif officiel de l’invitation de Pierre Bérégovoy ?

Aucun motif. Notre rendez-vous n’avait rien d’officiel. Le ministre m’avait juste proposé une date et une heure lors d’un simple coup de fil. Je voulais le voir pour demander la fin de l’utilisation de données sur des clients de plusieurs banques suisses par les douaniers de son pays. Ces informations avaient en effet été obtenues de façon illégale. Et, après plusieurs d’efforts auprès des autorités françaises, Pierre Bérégovoy m’a tout de suite confirmé que des ordres seraient donnés afin de nous donner satisfaction.

Lire la suite de l’article sur le site du journal La tribune de Genève.

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