Meurtre du banquier Stern : la politique française invitée surprise du premier débat

Mercredi 19 décembre 2007

19/12/2007 16:46

GENÈVE (AFP) - Meurtre du banquier Stern : la politique française invitée surprise du premier débat

La première audience publique sur le meurtre du banquier français Edouard Stern, tué début 2005 à Genève, a vu l’accusation reprocher aux autorités françaises d’avoir sali le défunt pour défendre les intérêts de l’ex-ministre des Finances Thierry Breton.

La Française Cécile Brossard, emprisonnée depuis mars 2005 à la prison de Champ-Dollon (Genève) après avoir avoué le meurtre de son amant, commis en février 2005 au domicile genevois du banquier, était présente lors de l’audience.

Cheveux longs éclaircis de mèches blondes, toute de blanc vêtue, Cécile Brossard est apparue pour la première fois en public depuis son arrestation, ses conseils ayant renoncé à demander le huis clos, « parce qu’elle n’a rien à cacher ».

Avant même le début du procès, les avocats de la famille Stern ont plaidé l’assassinat prémédité commis par une femme manipulatrice, alors que la défense a soutenu la thèse du crime passionnel d’une Cécile Brossard victime d’une relation perverse.

Edouard Stern, classé au 38e rang des fortunes françaises, a été tué de quatre balles le 28 février 2005 alors qu’il était revêtu d’une combinaison en latex évoquant une relation sado-masochiste avec sa maîtresse.

Me Marc Bonnant, conseil de la famille Stern, a établi un lien entre les descriptions peu avantageuses faites dans les médias de la personnalité du banquier assassiné et des intérêts politiques.

"Les premiers torrents de boue, la première salve venait des officines parisiennes pas trop loin du pouvoir. Parce que Edouard Stern plaidait contre Rhodia, qui n’était pas trop loin du ministre des Finances", a-t-il lancé.

Edouard Stern avait déposé une plainte en 2003 contre l’entreprise chimique Rhodia, dont Thierry Breton a été administrateur entre 1998 et 2002 avant de devenir ministre des Finances. Une information judiciaire a été ouverte à Paris en 2004 pour présentation de comptes inexacts et diffusion d’informations fausses et mensongères.

En retraçant le fil des événements, Me Bonnant a décrit Cécile Brossard comme une femme rusée et âpre au gain, « une cocotte » qui « a attisé les fantasmes d’un homme de 50 ans », tombé dans la dépendance « d’une petite blonde de banlieue (…) à la sexualité déviante ».

Mais pour Me Pascal Maurer, conseil de l’accusée, c’est Cécile Brossard qui a été victime d’un harcèlement moral. Cette relation l’a conduite « jusqu’à l’anorexie, à sa dégradation morale et à sa dégradation physique », a insisté l’avocat.

Selon Me Maurer, Edouard Stern, grand chasseur, aurait repéré en Cécile Brossard « le gibier de qualité », qu’il souhaitait à tout prix ne pas perdre.

Selon Me Alec Reymond, l’autre conseil de l’accusée, des « images très gravement déviantes qu’Edouard Stern avait téléchargées sur son ordinateur » laissent penser qu’« il n’a pas été la malheureuse victime manipulée d’une dérive sexuelle incontrôlée ». La relation entre les deux amants étant plutôt celle « d’un tango mortel ».

L’audience visait à décider du maintien ou non au dossier de deux témoins cités par l’accusation et de l’enregistrement de conversations téléphoniques de Cécile Brossard et de son entourage. La cour se prononcera dans une quinzaine de jours, avant le procès prévu pour fin 2008.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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