Kachkar, le grand bluff ?

Mercredi 21 février 2007 — Dernier ajout mardi 21 avril 2009

Kachkar, le grand bluff ?

21/02/2007 - 10:17

Par Yannick SAGORIN

De Sports.fr

Le tableau était sans doute trop idyllique. Pressenti pour racheter l’OM à Robert Louis-Dreyfus dans les prochaines semaines, Jack Kachkar serait dans le collimateur d’une cellule de renseignements financiers spécialisée dans la lutte contre le blanchiment d’argent, selon une enquête parue ce mercredi dans le Figaro. Des soupçons dont a déjà eu vent la LFP de Frédéric Thiriez et qui pourraient remettre en cause le processus de cession du club marseillais si l’origine des fonds garantis n’était pas clarifiée.

Jack Kachkar n’a peut-être pas tout dit sur l’origine de ses fonds… L’affaire était déjà entendue. Dans quelques semaines, quelques jours peut-être, l’OM devait changer de propriétaire avec la bénédiction de tous, actionnaire majoritaire sortant, staff dirigeant, joueurs comme supporters, mais aussi hautes instances du football français. De fait, plus rien ne semblait pouvoir contrarier l’intronisation de Jack Kachkar, ce businessman canadien inconnu du grand public mais incontestablement doté d’un sens aigu de la communication.

Impliqué comme aucun de ses prédécesseurs dans la vie du club avant même son adoubement par Robert Louis-Dreyfus, l’homme d’affaire arméno-canado-syrien est en effet devenu en l’espace d’un mois une figure incontournable de la cité phocéenne. Pas un match au Vélodrome ne se déroule dorénavant sans que le futur bailleur de fonds n’honore les travées de sa présence. Et si le baromètre olympien n’est pas à son zénith en ces temps de vaches maigres, tous les sympathisants du club gardent en mémoire l’enthousiasme fou du personnage à l’issue de la qualification marseillaise en Coupe de France aux dépens de l’OL.

Des zones d’ombre inquiétantes

L’opération séduction ainsi menée de main de maître, restait à s’armer de patience face à la lenteur du processus administratif inhérent à un passage de témoin d’une telle envergure. Seulement le temps joue, désormais, contre Jack Kachkar. Car la France n’est pas l’Angleterre, l’Italie ou l’Espagne. Ici, le candidat à la reprise d’un club de football de premier plan n’est pas simplement considéré comme un généreux mécène désireux de se faire un nom dans l’histoire du ballon rond européen. Les autorités veillent au grain, à commencer par celles qui contrôlent les flux financiers et leurs origines.

Or, selon les premières investigations menées par une cellule du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent, « la provenance des fonds que Jack Kachkar apporterait pour racheter l’OM à Robert Louis-Dreyfus aurait mis en évidence des zones d’ombre inquiétantes », révèle ce mercredi Le Figaro. Patron de Inyx, une société pharmaceutique cotée au Nasdaq, et à la tête d’une ribambelle de mines de matières premières, sans oublier ses parts dans l’immobilier, « Monsieur K » aurait bâti sa fortune - aujourd’hui estimée à hauteur de 386 millions d’euros - sur les placements judicieux des joyaux de sa chère et tendre, Viktoria Berkovich, une riche héritière russe au passé trouble, épousée à Budapest en 1992.

D’ores et déjà mise au parfum et en attendant que la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) ne s’attarde un peu plus sur le dossier Kachkar, la LFP affirme pour sa part « faire son travail, en relation avec les pouvoirs publics », par la voix de son président Frédéric Thiriez. Ce pour que la lumière soit faite au plus vite dans cette affaire qui menace de jeter une fois de plus l’opprobre sur le football français. Robert Louis-Dreyfus, qui s’apprêtait à céder ses parts olympiennes pour quelques 115 millions d’euros, n’a pas encore cédé la main…

© Sports.fr

Pour plus de précisions veuillez vous reporter aux rubriques suivantes :

1) l’interview de Denis Robert : le football est devenu une formidable machine à blanchir de l’argent ;

2) L’ouvrage de Denis Robert : « le milieu de terrain ».

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