Un signalement de Tracfin visant l’oligarque russe Souleïman Kerimov pourrait relancer les investigations de la justice

Lundi 1er août 2022

Société Justice

Un signalement de Tracfin visant l’oligarque russe Souleïman Kerimov pourrait relancer les investigations de la justice

Les informations obtenues par la cellule antiblanchiment française désignent le milliardaire comme véritable bénéficiaire de quatre villas situées au Cap d’Antibes détenues à travers diverses sociétés écrans.

Par Anne Michel Publié aujourd’hui à 05h15, mis à jour à 05h35

C’est un nouvel élément tangible, qui pourrait relancer l’affaire Kerimov en France, du nom de cet oligarque russe de 56 ans proche de Vladimir Poutine, soupçonné de détenir quatre villas sur la Côte d’Azur, par le biais de prête-noms, acquises dans des conditions frauduleuses. Souleïman Kerimov figure sur la liste des personnes sous sanctions de l’Union européenne (UE), dont les avoirs doivent être gelés, depuis le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine le 24 février.

En effet, selon les informations du Monde, un signalement visant Souleïman Kerimov pour des faits de blanchiment de capitaux vient d’être effectué auprès du parquet de Nice, le 10 juin, par Tracfin, la cellule antiblanchiment française.

Ce signalement concerne les conditions dans lesquelles ces villas situées au Cap d’Antibes (Alpes-Maritimes) sont détenues, depuis 2020, à travers diverses sociétés écrans. Il contient notamment des informations obtenues par Tracfin, désignant le milliardaire et homme politique russe, membre du Conseil de la fédération de la République du Daghestan, comme le véritable bénéficiaire effectif de ces propriétés. Lire aussi Article réservé à nos abonnés Guerre en Ukraine : les oligarques russes, avant-postes du système Poutine et nouvelles cibles des Occidentaux

Selon nos sources, le signalement de Tracfin fait également directement référence aux récentes révélations de la cellule investigation de Radio France, qui, travaillant à partir des fuites de données du Consortium international de journalistes d’investigation ICIJ (des « Panama Papers » aux « Pandora Papers »…), a pu démêler le savant écheveau de sociétés offshore créées par l’entourage de Souleïman Kerimov dans divers paradis fiscaux – et dans lesquelles celui-ci n’apparaît jamais directement ou publiquement. Nos confrères avaient aussi révélé que les quatre villas du Sud de la France étaient désormais détenues par Gulnara Kerimova, la fille du puissant oligarque.

Myriade de sociétés écrans

De tels éléments pourraient avoir pour effet de relancer les investigations de la justice, qui enquête sur des faits de fraude fiscale liés aux conditions d’acquisition de ces biens supposés appartenir à l’homme d’affaires, dans le cadre d’une procédure ouverte depuis 2014. Contacté, le procureur de Nice n’a pas souhaité commenter l’information du Monde. Mais il indique que « l’instruction de ce dossier est toujours en cours, et est susceptible de connaître de nouveaux développements ».

De fait, à ce jour, l’information judiciaire mettant en cause Souleïman Kerimov n’est pas clôturée et le parquet n’a pas délivré de réquisitions de non-lieu. Lire aussi : Le milliardaire russe Souleïman Kerimov mis en examen pour complicité de fraude fiscale aggravée

Jusqu’à présent, l’enquête judiciaire n’a jamais réussi à établir de manière formelle que les villas étaient bel et bien la propriété de M. Kerimov – ce que ce dernier a toujours contesté. L’oligarque est à la tête d’une fortune considérable constituée à la chute de l’Union soviétique dans le secteur de l’énergie, consolidée depuis dans l’extraction minière d’or. Celle-ci a été estimée à plus de 15 milliards d’euros en 2021 par le magazine américain Forbes, avant les sanctions et la chute du rouble. Pour sa part, le classement établi par Bloomberg des personnalités les plus riches de la planète, régulièrement réactualisé, le place au 127e rang mondial. Lire la suite.

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