Travail forcé : la Chine ratifie les conventions internationales de l’OIT

Jeudi 21 avril 2022

Travail forcé : la Chine ratifie les conventions internationales de l’OIT

Sans cette ratification, la Chine ne peut pas ratifier l’accord bilatéral sur les investissements signé fin 2020 avec L’UE. Accusé de travail forcé sur la communauté Ouïghour, dans la région du Xinjiang, Pékin - qui dément fermement - fait l’objet de sanctions américaines et européennes.

Par Sébastie Mastrandreas Publié le 20 avr. 2022 à 15:44

C’était une des conditions de Bruxelles à la poursuite de sa politique commerciale avec Pékin. Le Parlement chinois a ratifié ce mercredi les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur le travail forcé, alors que la Chine est accusée de recourir à cette forme de travail sur les Ouïghours, dans la région du Xinjiang (nord-ouest).

Sans cette ratification, la Chine ne pouvait pas ratifier un accord bilatéral sur les investissements signé fin 2020 avec L’UE. Dans ce texte, censé protéger les investissements européens en Chine, Pékin s’engageait « à œuvrer à la ratification des conventions fondamentales de l’OIT, y compris celles (interdisant) le travail forcé », avait alors indiqué Bruxelles.

La ratification de l’accord est depuis figée, à la suite des sanctions mutuelles prises l’an dernier par l’Europe et la Chine autour de la question du Xinjiang. « Profonde inquiétude »

La ratification de la convention de 1930 sur le travail forcé, et de celle de 1957 sur l’abolition du travail forcé, survient alors qu’un comité d’experts de l’OIT avait en février dernier fait part de sa « profonde inquiétude » face au traitement des minorités ethniques et religieuses en Chine, notamment au Xinjiang.

Selon des organisations de défense des droits humains, au moins un million de Ouïghours et membres d’ethnies musulmanes sont ou ont été incarcérés dans des camps dans cette région. Pékin affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme. Les experts de l’OIT avaient exigé de Pékin qu’il « réoriente le mandat des centres de formation professionnelle et d’éducation » qui sont actuellement « des centres de rééducation politique basés sur des détentions administratives ».

Sanctions internationales

Pékin fait actuellement l’objet de sanctions internationales pour le traitement des Ouïghours. Ainsi, une loi interdisant l’achat de produits qui seraient issus du travail forcé des Ouïghours en Chine est entrée en vigueur en décembre 2021 aux Etats-Unis, qui accusent la Chine de génocide contre cette minorité.

La Chine rejette vigoureusement cette accusation, qui a obligé certaines multinationales à s’engager à ne pas se fournir au Xinjiang. L’an dernier, le géant suédois de l’habillement H & M s’était ainsi retrouvé face à un boycott de ses magasins en Chine après s’être engagé à ne pas acheter de coton du Xinjiang.

La ratification des conventions de l’OIT survient alors que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, va se rendre en Chine le mois prochain, pour une visite attendue de longue date. Elle demande depuis des années à Pékin un « accès significatif et sans entrave » au Xinjiang, où elle devrait également se rendre lors de son voyage en Chine.

Source AFP Les Echos

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