Total et la Birmanie : une question non résolue

Mardi 31 août 2021

Total et la Birmanie : une question non résolue

Frédéric Debomy

Malgré les polémiques, le géant pétrolier français n’a pas coupé tous ses canaux de financement de la junte en Birmanie, revenue au pouvoir par le putsch du 1er février. Ce financement se perpétue via un montage complexe autour du gisement de gaz de Yadana. L’Union européenne a imposé des sanctions aux militaires qui ne cessent de réprimer brutalement l’opposition et les manifestants anti-coup d’État. Mais ces sanctions ne concernent pas le gaz. Pourtant, il est urgent de priver l’armée birmane de ses revenus parmi les plus conséquents, rappelle Frédéric Debomy dans cette tribune.

[…] Une polémique récurrente

Total avait investi en Birmanie dans la foulée des événements de 1988 et de 1990 : la répression du mouvement pour la démocratie de 1988 et la non-reconnaissance par la Tatmadaw des premières élections remportées par la LND. Un moment qui ne fut pas jugé opportun par ceux qui pensaient nécessaire de priver la dictature de revenus. On ignorait alors que Total avait mis en place un système permettant de détourner au profit de la compagnie pétrolière birmane MOGE (Myanmar Oil and Gas Enterprise), contrôlée par les militaires, une part de profits qui aurait dû revenir à l’État birman. « Selon une source haut placée dans le secteur des hydrocarbures en Birmanie », écrit aujourd’hui Le Monde, ce montage ne fut pas imposé à la compagnie française pour pouvoir opérer dans le pays : il fut son initiative. Pour justifier son investissement, Total évoquait alors les vertus politiques de l’engagement économique. Lire la suite.

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