Scandale Wirecard : les actionnaires floués devront rendre de l’argent

Jeudi 5 mai 2022

Scandale Wirecard : les actionnaires floués devront rendre de l’argent

La justice allemande a annulé les comptes de l’ancienne fintech Wirecard, exposant les actionnaires déjà floués par la faillite frauduleuse de cette société de paiements numériques à devoir en plus rembourser les dividendes perçus pour 2017 et 2018.

Agence France-Presse 5 mai 2022 à 14h20

La justice allemande a annulé les comptes de l’ancienne fintech Wirecard, exposant les actionnaires déjà floués par la faillite frauduleuse de cette société de paiements numériques à devoir en plus rembourser les dividendes perçus pour 2017 et 2018.

Le tribunal du district de Munich (sud) a déclaré la « nullité des états financiers annuels de Wirecard AG au 31 décembre 2017 et au 31 décembre 2018 ainsi que les résolutions d’affectation des bénéfices des assemblées générales » qui en ont découlé, selon un communiqué diffusé jeudi.

En clair, la justice annule les dividendes perçus au titre de ces exercices par les actionnaires, investisseurs comme petits porteurs, sur la base des bénéfices affichés.

L’entreprise de Munich, ancien fleuron allemand des paiements numériques, s’est effondrée en juin 2020 lorsque ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d’euros d’actifs, soit un quart de la taille du bilan, n’existaient pas en réalité.

Wirecard avait versé un dividende de 0,20 centime d’euro par action pour l’année 2018 et 0,18 centime d’euro pour 2017, correspondant à une sortie de trésorerie totale proche de 50 millions d’euros : 24,7 millions d’euros après l’assemblée tenue en 2019 et 22,2 millions d’euros pour celle de 2018.

Pour autant « les petits investisseurs et les particuliers ne seront pas significativement affectés » par la décision du tribunal, a estimé dans un communiqué l’administrateur judiciaire, à l’origine de la réclamation.

Selon ce dernier, les montants à reverser seront négligeables.

« Un investisseur avec des titres d’une "valeur boursière" de 10.000 euros dans ces années là devrait - sur la base d’un action à environ 150 euros - s’attendre à un remboursement d’au plus 25 euros pour les deux ans », a calculé le cabinet.

Les dividendes « ont été majoritairement versés aux principaux actionnaires tels que MB Beteiligungs GmbH », société d’investissement détenue par l’ancien PDG de Wirecard, Markus Braun, détenant 7% du capital, précise l’administrateur judiciaire.

Wirecard comptait aussi parmi ses grands actionnaires les fonds américain Black Rock et britannique Jupiter Asset Management, comme la banque newyorkaise Citigroup.

Fondée au tournant de l’an 2000, Wirecard s’est présenté des années durant comme une entreprise à croissance rapide et extrêmement prospère, réussissant même son entrée dans le Dax 30, la crème des valeurs boursières allemandes.

Le scandale a révélé qu’une partie des produits comptabilisés comme services de paiements ne provenaient pas de Wirecard mais de tiers, en raison de l’absence de licences propres ou parce que ces tiers opéraient des activités à haut risque telles que la pornographie ou les jeux d’argent.

Sa faillite a ébranlé la place financière, éclaboussant au passage le superviseur financier Bafin et les auditeurs d’EY qui avaient certifié les comptes.

Le même tribunal de Munich a fort à faire avec les autres suites judiciaires de l’affaire : environ 900 recours y ont été déposées contre EY par des actionnaires individuels, selon un décompte fait en mars.

M. Braun devrait lui bientôt comparaître dans un procès pénal, tandis que les recherches se poursuivent pour localiser son bras droit, Jan Marsalek, en fuite depuis 2020.

jpl/smk/pb

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