Rifaat al-Assad, oncle du président syrien, chez le juge pour s’expliquer sur son patrimoine

Mercredi 26 octobre 2016

Biens mal acquis : Rifaat al-Assad, oncle du président syrien, chez le juge pour s’expliquer sur son patrimoine

Paris - Rifaat al-Assad, oncle de l’actuel président de Syrie Bachar al-Assad, soupçonné d’avoir bâti sa fortune en France grâce à des détournements de fonds publics, a été entendu lundi par un juge d’instruction, a appris l’AFP mardi de sources concordantes.

Frère de l’ancien président Hafez al-Assad, qui l’avait écarté du pouvoir dans les années 1980, Rifaat al-Assad, 79 ans, a été mis en examen le 9 juin pour recel de détournement de fonds publics et blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée.

Les enquêteurs ont évalué à environ 90 millions d’euros le patrimoine détenu en France par cet ancien vice-président de Syrie et sa famille, au travers de sociétés, dont certaines installées au Luxembourg.

Lors de cette audition, Rifaat al-Assad a assuré que les fonds (…) lui avaient été versés au début des années 80 par (le prince héritier et futur roi, ndlr) Abdallah d’Arabie saoudite pour soutenir son combat politique contre son frère, a indiqué une source proche du dossier.

Dans l’entourage de Rifaat al-Assad, on précise qu’à l’époque, une quinzaine de millions lui avaient été donnés, même si ce patrimoine a aujourd’hui pris de la valeur. Nous avons fourni un justificatif pour un don de dix millions de dollars en 1984. Pour le reste, il est difficile de retrouver les documents plus de trente ans plus tard, ajoute-t-on.

La justice a saisi en juillet plusieurs biens dont un haras en région parisienne évalué à 7 millions d’euros, deux hôtels particuliers à Paris et un ensemble de bureaux à Lyon (centre-est), estimés à 12,3 millions d’euros.

Par ailleurs, 9,5 millions d’euros d’indemnités d’expropriation versés par la mairie de Paris contre un terrain destiné à accueillir des logements sociaux, ont également été gelés. Ces biens pourraient être confisqués en cas de condamnation.

L’enquête s’appuie sur le témoignage d’un ancien ministre des Affaires étrangères, Abdel Halim Khaddam, lui aussi résidant en France. D’après lui, Hafez al-Assad avait fait verser à son frère quelque 300 millions de dollars en 1984 pour se débarrasser de ce dernier, dont 200 venaient des frais de la présidence et 100 d’un prêt libyen.

De fausses accusations, aux yeux de l’entourage de Rifaat al-Assad, produites exclusivement par les ennemis politiques historiques de l’ancien vice-président. L’origine de son patrimoine est tout à fait transparente. Quant aux biens placés au Luxembourg, ils le sont en toute légalité. Il y a eu de nombreux contrôles de l’administration fiscale qui n’ont donné lieu à ce stade à aucune poursuite, a-t-on ajouté.

Mais pour les enquêteurs, Rifaat al-Assad fournit des explications sans rapport avec sa fortune actuelle et son important train de vie, d’où le soupçon de ressources occultes, a expliqué à l’AFP une source proche de l’enquête.

Il a notamment été relevé qu’entre 2002 et 2006 près de 5 millions d’euros ont été retirés en espèces d’un compte au nom d’une de ses épouses.

La logique de déni du clan de Rifaat al-Assad contre l’évidence des preuves n’est pas surprenante, a estimé Me William Bourdon, président de l’association Sherpa qui avait déposé plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête.

Ce dossier est emblématique de l’universalisation des procédures dites +des biens mal acquis+ qui visent aussi les familles de plusieurs dirigeants africains, a-t-il ajouté.

(©AFP / 25 octobre 2016 17h37)

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