Quatre ans de prison dont deux ferme requis contre l’ex-PDG d’Air Lib

Mardi 19 juin 2007

lundi 18 juin 2007, 19h29

Quatre ans de prison dont deux ferme requis contre l’ex-PDG d’Air Lib

Par Eloi ROUYER

PARIS (AFP) - La procureure de la République de Paris s’est livrée lundi à un réquisitoire implacable contre Jean-Charles Corbet, ex-président d’Air Lib, le qualifiant de « pilleur » et demandant qu’il soit condamné à quatre ans de prison dont deux ferme et 300.000 euros d’amende.

Pendant plus de 2 heures et demi, devant la 12e chambre du tribunal correctionnel, Marie-Aimée Gaspari a évoqué le parcours de celui qui était considéré, au moment de la reprise d’Air Lib en 2001, comme « l’homme providentiel que tout le monde attend » pour devenir, selon elle, un « pilleur, un pilleur méthodique ».

« C’est le dossier d’une confiance trahie, la confiance du tribunal de commerce, des pouvoirs publics et des salariés, trahie par une volonté d’enrichissement personnel », a résumé Mme Gaspari.

M. Corbet, 54 ans, à la tête de sa holding personnelle, Holco, avait été désigné comme repreneur d’Air Lib par le tribunal de commerce de Créteil en juillet 2001.

Dix-huit mois plus tard, la compagnie était mise en liquidation, provoquant le licenciement collectif de 3.200 salariés.

L’ex-PDG, ancien pilote d’Air France, est poursuivi pour avoir détourné une partie des quelque 150 millions d’euros versés par l’ancienne maison-mère d’AOM-Air Liberté, Swissair, qui devaient être consacrés au redressement de la compagnie.

M. Corbet a toujours nié, soulignant pour démontrer sa bonne foi n’avoir par exemple jamais possédé de carte bleue au nom de la société. Ironique, la procureure n’a pas manqué de lui rappeler ce détail : « je crois que l’on est à un niveau de délinquance financière un tout petit peu plus élevé ».

Selon la représentante de l’accusation, ce sont en effet environ 24 millions d’euros qui ont été « détournés ou abusivement utilisés ».

Mme Gaspari s’est également montrée sans concession à l’encontre de Me Yves Léonzi, l’avocat d’Holco, poursuivi notamment pour complicité d’abus de confiance, complicité d’abus de biens sociaux, recel d’abus de biens sociaux, faux et usage de faux.

Ce dernier symbolise un "dévoiement total de la profession d’avocat« , a tranché la procureure, demandant contre lui une peine de 3 ans d’emprisonnement dont 18 mois ferme, 375.000 euros d’amende et une interdiction d’exercer pendant deux ans. »Sans lui, aucun des montages n’aurait été possible", selon Mme Gaspari.

Pour Erik de Vlieger, l’ancien prétendant néerlandais à la reprise d’Air Lib, soupçonné d’avoir passé avec M. Corbet un accord douteux lui permettant de faire main basse sur les avions de la compagnie contre un versement d’environ 150.000 dollars au PDG d’Air Lib, la procureure a demandé une peine de 18 mois avec sursis et 250.000 euros d’amende.

Mme Gaspari s’est par ailleurs montrée très critique à l’égard de la Canadian Imperial Bank of Commerce (CIBC), l’une des plus grosses banques privées canadiennes qui avait soutenu le projet Holco.

Contre la banque, poursuivie comme personne morale, elle a demandé une amende de 500.000 euros et exigé la confiscation des 8,3 millions d’euros perçus de la part d’Holco.

La condamnation de son ancien vice-président, David Mongeau, à 6 mois de prison avec sursis a également été demandée.

Enfin, Mme Gaspari a demandé une peine de 12 mois avec sursis et 250.000 euros contre Christian Paris, pilote et syndicaliste proche de M. Corbet, et 12 mois avec sursis et 375.000 euros contre Pierre-Yves Moreau, consultant, tous deux poursuivis pour des rémunérations occultes ou injustifiées.

Le procès se poursuit jusqu’à mercredi avec les plaidoiries de la défense.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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